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Flash marchés. 14 avril 2022

L’inflation pèse plus que l’Ukraine, pour le moment

Loin d’être réglé sur le terrain, le conflit ukrainien semble moins préoccuper les marchés si l’on en croit leur évolution. En effet, la résistance des marchés actions et surtout la forte hausse des taux longs témoignent de la prédominance du thème de l’inflation et d’une certaine confiance dans la résilience de l’économie mondiale à un environnement adverse.

Le conflit en Ukraine s’inscrit dans le scenario d’enlisement

Les derniers développements ne montrent pas d’avancées significatives vers un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie. Au contraire, alors que la Russie concentre ses efforts de guerre dans l’est du pays, l’escalade des sanctions se poursuit et le risque d’un embargo européen sur le pétrole et le gaz russes a augmenté ces dernières semaines. L’éventuelle confirmation des soupçons d’usage d’armes chimiques par la Russie pourrait constituer le franchissement de la ligne rouge évoqué par l’Union européenne quant à la décision d’un embargo sur le pétrole russe même si La Hongrie s’y oppose à l’heure actuelle et que ces décisions requièrent l’unanimité au sein du Conseil Européen. Le prolongement du conflit renforce ainsi les impacts potentiels sur la croissance mondiale et menace la confiance des agents économiques.

La confirmation de l’inflation

Le conflit en Ukraine contribue largement à la hausse de l’inflation, en particulier au travers des marchés des matières premières et la désorganisation des chaines de production mondiale. L’inflation américaine a ainsi atteint 8,6% en mars (+6,5% pour l’inflation cœur c’est-à-dire hors énergie et produits alimentaires, plus volatils), au plus haut depuis décembre 1981. La pression est aussi forte en Europe. Les publications d’inflation sont plus difficiles à appréhender que jamais (entre évolutions de prix incorporées avec retard, évolutions erratiques du prix de certains biens...). Au global, il est probable que l’inflation sous-jacente décélère (un peu) au cours des prochains mois... tout en restant à un niveau élevé, incitant les banques centrales à agir.

Une hausse sensible des taux d’intérêt

Les membres du « board » de la banque centrale américaine, la FED, multiplient depuis quelques jours les déclarations indiquant leurs préoccupations face à la hausse de l’inflation et la nécessité de resserrer leur politique monétaire. Leur détermination à remonter rapidement les taux d’intérêt directeurs et réduire le bilan s’est traduite par une hausse sensible des taux d’intérêt sur l’ensemble des échéances. Les taux à dix ans américains atteignent ainsi 2,80% contre 1,50% en début d’année. Ce mouvement, d’une ampleur d’ailleurs comparable en Europe, n’est pas anodin dans la mesure où il affecte les conditions d’accès au crédit pour les différents agents économiques, contribuant le cas échéant à peser sur la demande. En cas de poursuite, ce contexte pourrait amorcer chez les investisseurs une réflexion sur un arbitrage en faveur des actifs obligataires au détriment des actifs les plus risqués.

Dans ce contexte marqué par une inflation vigoureuse, un resserrement des conditions financières et des risques de nouvelles révisions baissières des perspectives de croissance, nous pensons qu’une position prudente est appropriée.