Communication

Et demain ?
Vie pro / Vie perso

Les 3 signaux à surveiller

Depuis plusieurs années, l’arrivée d’une nouvelle génération change la donne au travail. Le rapport à l’entreprise s’est modifié. Moins de liens hiérarchiques, moins de codes formels, plus de communication, plus d’attentes de considération, plus d’accent mis sur la formation, moins d’attachement au lieu de travail, etc. Bref, un vent nouveau souffle dans les entreprises. La crise sanitaire n’a pas mis un terme à ces évolutions, bien au contraire. La période du confinement a été l’occasion pour de nombreux salariés de réfléchir à leur propre situation professionnelle. Si la cessation d’activité a confirmé par défaut le rôle plus que jamais central du travail dans leur vie, elle a aussi montré qu’un nouvel équilibre avec leur vie personnelle était possible. En outre, la mise en place massive et prolongée du télétravail dans de nombreux secteurs a effacé les frontières entre vie personnelle et vie professionnelle et ouvert de nouvelles perspectives. La préservation de cet équilibre sera un des enjeux majeurs de l’entreprise dans les années qui viennent.

Trois signaux faibles nous renseignent déjà sur les nouvelles priorités de l’avenir.

  1. Le travail au cœur des préoccupations

    La période du confinement a confirmé que le travail restait le cœur du fonctionnement de la société. Pour de nombreux actifs soudain privés d’emploi, il est apparu comme une composante essentielle de leur équilibre personnel. De fait, 75% des actifs en France reconnaissent que leur travail tient une place très importante dans leur vie. Ce chiffre est de 73% chez les actifs âgés de 25 à 34 ans, un signe que la jeune génération est tout aussi impliquée que les générations précédentes.

    73% des actifs âgés de 25 à 34 ans trouvent que leur travail a une place très importante dans leur vie

    Car c’est un fait : les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas moins investis au travail que leurs aînés. Si certains ont parfois le sentiment que les jeunes recrues ne sont pas prêtes à s’impliquer à fond, la raison est avant tout sociologique. Ces jeunes ont été les témoins du surinvestissement de leurs propres parents dans le travail. Journées à rallonge, heures supplémentaires, weekends sacrifiés avec, à l’arrivée, un résultat aléatoire. En conséquence, leur relation au travail est plus exigeante.

    Je suis prêt à m’investir pour une entreprise mais je veux que cela me soit utile.

    En d’autres termes, ils attendent un retour sur investissement qui ne soit pas lointain dans le temps. Ce que certains, parmi leurs aînés, jugent comme de l’impatience, est à leurs yeux une précaution prise par rapport à l’expérience du passé.

    Demain les entreprises devront proposer des objectifs clairs à leurs salariés et les rassurer sur les contreparties, sur le plan financier mais aussi en termes de qualité de vie ou de développement personnel. Les jeunes attendent moins des buts lointains que des marques de reconnaissance claires et régulières.

  2. Réussir sa vie personnelle

    Ces évolutions soulignent de fait la volonté des jeunes générations de rééquilibrer le poids respectif de leur vie professionnelle et de leur vie personnelle. Tout se passe comme si le balancier était allé trop loin dans une seule direction et qu’il fallait le replacer en position médiane. Quand on demande aux actifs leurs priorités dans la vie, ils citent en premier « fonder une famille » (53%) et en second « avoir un métier passionnant » (50%). L’enjeu, c’est de réussir les deux. Chez les jeunes, réussir sa vie personnelle est devenue une priorité. C’est pourquoi la proportion de ceux qui se disent prêts à sacrifier leur travail pour privilégier leur vie privée est de 58% chez les moins de 35 ans, alors qu’elle est de 49% en moyenne chez les actifs. De ce point de vue, le confinement a montré les avantages que les actifs pouvaient retirer à mieux équilibrer vie personnelle et vie professionnelle. En libérant du temps contraint (transports, déplacement...), il a donné plus de temps à certains salariés pour s’occuper de leurs contraintes personnelles (vie de famille, implication dans la vie du foyer...).

    Mais l’expérience à grande échelle du télétravail pendant la crise sanitaire a aussi permis aux différents acteurs de prendre la mesure des contraintes qui pèsent sur la recherche de ce nouvel équilibre. Ainsi, si 61% des actifs concernés souhaitent continuer à faire du télétravail dans les années qui viennent, ils sont aussi conscients des limites de cette pratique.

    61% des sondés souhaitent continuer à travailler dans les prochains mois

    Ainsi, parmi les salariés ayant travaillé à distance pendant le confinement, 39%, selon une étude d’Opinion Way1, ont éprouvé de réelles difficultés à concilier temps personnel et temps professionnel. La forte porosité des frontières entre travail et vie privée a été souvent mal vécue. Cela pose une question clé pour les entreprises : quelle dose de télétravail permettra de réaliser cet équilibre de plus en plus recherché entre vie professionnelle et vie personnelle ?

    Demain, les entreprises devront intégrer ces nouvelles aspirations et aider leurs salariés, en les accompagnant sur les différentes manières de travailler, à instaurer le bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

  3. Avoir un travail utile

    Au-delà de la sphère personnelle, c’est le contenu du travail qui est en jeu aujourd’hui. La crise écologique et la pandémie mettent l’accent sur les nouvelles responsabilités qui sont les nôtres. Les actifs sont de plus en plus nombreux à vouloir donner un sens à leur activité. Et cela passe par un travail utile à la société. Ainsi, la proportion de salariés qui se disent « proches des gens qui choisissent un métier utile à la société, quitte à gagner moins d’argent » est passée de 50% en 2010 à 62% aujourd’hui. La célébration unanime des travailleurs « en première ligne » durant le confinement (infirmiers, éboueurs, salariés de la grande distribution, etc.) illustre et renforce cette aspiration.

    62% se disent proches des gens qui choisissent un métier utile

    C’est une tendance de fond qui conduit à changer le regard que les salariés portent sur les entreprises. Avoir un travail utile, c’est aussi avoir la possibilité de développer des activités d’intérêt collectif en plus de son propre travail. 75% des Français jugent ainsi souhaitable que, dans les années qui viennent, les entreprises mettent à disposition de leurs salariés des espaces ou du temps leur permettant de se concentrer sur des actions collectives en dehors de l’entreprise. Une manière de donner encore plus d’utilité et de sens à leur travail.

    Demain les entreprises devront répondre à ces demandes de sens et d’utilité afin d’être en phase avec les attentes d’une génération qui ne veut plus vivre le travail comme une contrainte, mais comme un levier central dans sa quête de bonheur.

Et demain ?

  1. Comment redéfinir les frontières entre personnel et professionnel pour assurer la productivité et le bien-être de ses collaborateurs ?
  2. Comment reconnaître, appliquer et développer dans un cadre professionnel des compétences acquises dans la sphère personnelle ?
  3. Comment concilier les aspirations nouvelles au télétravail et le maintien d’une cohésion d’équipe dans les entreprises ?

1 Baromètre Opinion Way « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » pour Empreinte Humaine, Avril 2020.