Panorama économique
Une économie mondiale résiliente
En ce début d’été, les principales variables de l’économie mondiale évoluent peu, mais demeurent néanmoins sur un rythme positif. C’est ainsi que la compilation des enquêtes relatives au niveau de confiance des chefs d’entreprises du secteur manufacturier et des services de tous les grands pays (PMI composite) continue de progresser modestement en juin, avec une hausse de 0,5 point à 51,7. Pour autant, cela ne permet toujours pas de se projeter avec conviction sur les perspectives économiques du second trimestre. Le principal obstacle à une accélération de l’activité dans les prochains mois demeure toujours lié à la problématique des droits de douane qui seront appliqués par les États-Unis.
En attendant, le rythme des affaires se redresse modestement sur le second trimestre outre-Atlantique après une croissance négative sur les 3 premiers mois de l’année. Les indicateurs avancés affichent globalement des chiffres plus positifs. L’indice PMI manufacturier gagne 0,9 point à 52,9 en juin, soit un plus haut depuis 3 ans. Les données dites « réelles » sont également dans une tendance favorable. Ainsi, les chiffres sur l’emploi sont toujours rassurants. Les créations de nouveaux postes progressent en moyenne de 150K sur les 3 derniers mois. Le taux de chômage parvient même à baisser de 0,1 point à 4,1% en juin. Les statistiques publiées par l’organisme JOLTS (Job Opening and Labor Turnover Survey), affiche, comme illustré dans le graphique suivant, une progression de 400K du nombre d’emplois non pourvus en juin.

Guerre commerciale : un impact négatif sur l’économie américaine
Cependant, de nombreuses interrogations laissent planer quelques doutes sur la capacité de l’économie américaine à retrouver un rythme d’activité comparable à celui connu sous l’ère du président Biden (supérieur à +3%).
La principale préoccupation de nombreux économistes réside dans les choix des relations commerciales avec les autres pays qui seront mises en place, en principe, dans les prochaines semaines sous la forme de droits de douanes. Ces derniers devraient s’appliquer sur toutes les importations américaines avec un niveau de taxation qui peut varier en fonction d’un accord avec le pays concerné ou pas. Ces futurs changements ne seront probablement pas sans conséquence. Les États-Unis seraient directement impactés par une hausse plus ou moins importante des produits importés. Il en résulterait deux risques majeurs : hausse de l’inflation et baisse consommation des ménages. Dans ces conditions, avec l’hypothèse d’une progression des prix qui pourrait de nouveau dépasser la barre des 3% dans les prochains mois, la FED pourrait maintenir sa politique monétaire inchangée avec des taux directeurs stables à 4,25%/4,50% comme l’anticipent certains économistes (cf. graphique ci-dessous), même si les investisseurs ont une vision sur ce sujet beaucoup plus optimiste avec de nombreuses baisses de taux programmées d’ici fin 2026.

Faiblesse actuelle de l’économie européenne
Sans réelle surprise, l’activité européenne demeure dans une dynamique modérée à court terme. Celle-ci continue d’être pénalisée par des relations commerciales toujours incertaines avec les États-Unis. L’échéance fixée par D. Trump du 9 juillet afin de trouver un accord sur le niveau des taxes douanières pourrait être repoussée de plusieurs semaines. Cette phase d’attente est délicate à gérer pour les entreprises européennes, plus particulièrement dans certains secteurs (luxe, vin et spiritueux, pharmacie, automobile, sidérurgie), ce qui se traduit par un sentiment de confiance des chefs d’entreprises faiblement optimiste. Celui-ci est matérialisé par l’indice PMI composite qui parvient tout juste à se maintenir au-dessus de la barre des 50 points en juin (niveau de référence pour justifier une progression dans le rythme des affaires). Par ailleurs, les sociétés fortement exportatrices vers les États-Unis seront également sous pression supplémentaire avec la faiblesse du dollar qui va rendre les produits ou services vendus outre-Atlantique plus chers.
L’Allemagne va reprendre son « leadership »
Cependant tous les regards des spécialistes économiques sont orientés de l’autre côté du Rhin. En effet, ceux-ci analysent de près les décisions prises par le chancelier de relancer la croissance allemande après plusieurs années de stagnation. Il a été décidé par les nouvelles autorités politiques d’accélérer les dépenses publiques, notamment dans les domaines de l’infrastructure et de la défense. Un fonds de 500 milliards € a été mis en place, avec des premières actions concrètes dès ce second semestre qui vont se prolonger lors des prochains exercices. L’Allemagne va enfin reprendre le « leadership » de la zone euro avec une progression de son PIB qui va profiter à l’ensemble des autres pays européens. Dans ces conditions, comme affiché dans le tableau ci-dessous, la croissance du « vieux continent » devrait augmenter de 1,2% en 2026 selon le consensus.

Légère amélioration de l’activité en Chine
Comme la plupart des autres grandes nations mondiales, la Chine est également dans « le collimateur » des américains concernant les fameux droits de douane. Il semblerait cependant qu’un accord ait été trouvé entre les deux pays. Mais les détails de cette récente négociation demeurent fragiles notamment sur le sujet des « terres rares » qui constituent toujours un argument incontournable pour toute discussion avec les américains. Dans l’attente de précisions sur les relations commerciales sino-américaines, les dernières statistiques économiques chinoises font état d’un léger mieux à court terme (vente de détails +6.4%, PMI Composite 51,3).
Marchés Financiers
Des incertitudes géopolitiques
Le mois de juin a été marqué par l’intensification des tensions au Moyen-Orient et l’implication des États-Unis faisant craindre un embrasement du conflit avec l’Iran. Pendant cet épisode, la situation sur les marchés financiers est restée contenue, avec des baisses très limitées sur les principales bourses. Seul le prix du pétrole a connu une évolution marquée, en hausse de 13%, passant de 69 à 79 dollars le baril en raison de craintes de la fermeture par l’Iran du détroit d’Ormuz, un axe stratégique par lequel transitent annuellement 20 millions de barils de pétrole et de produits raffinés et 75 millions de tonnes de GNL. Mais cette hausse a été de courte durée et le pétrole a vite retrouvé ses niveaux pré-crise.
Les événements géopolitiques ont en moyenne un effet limité et temporaire sur les marchés financiers. Certains peuvent toutefois avoir un impact plus marqué et plus durable, la variable majeure étant le risque associé au cycle économique et les conséquences sur les profits des entreprises. Leur évolution reste déterminante pour influencer la trajectoire des indices boursiers sur longue période.

Les négociations commerciales se sont poursuivies entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux.
Peu d’informations fiables et précises ont filtré : il semble qu’un accord ait été trouvé avec quelques pays : le Royaume-Uni, le Vietnam et les discussions seraient également bien avancées avec la Chine. La date butoir du 9 juillet pour trouver un accord avec l’Administration américaine n’est plus pertinente car l’application des nouveaux droits de douane a été repoussée au 1er août, ce qui laisse encore quelques semaines pour négocier. En l’absence d’accords, des droits de douane punitifs s’appliqueront à partir de cette date. Connaissant l’imprévisibilité du Président Trump, la situation peut évoluer à tout moment !
Comme le président américain l’avais promis, un nouveau budget a été adopté par le Congrès américain le 4 juillet, date symbolique puisque c’est le jour de l’indépendance américaine. Il s’agit d’un budget ambitieux qui prévoit plusieurs trillions de dollars de dépenses au cours des 10 prochaines années. La principale mesure concerne le prolongement des baisses d’impôts qui avaient été votées en 2017 lors du premier mandat du locataire de la Maison Blanche. Ce budget avantage clairement les entreprises et les ménages les plus aisés au détriment des plus pauvres puisque des coupes importantes dans les dépenses de santé sont prévues. En conséquence, le déficit public va rester élevé et la dette de l’Etat fédéral devrait augmenter considérablement.
La question de la soutenabilité de la dette publique américaine est clairement posée !
Dans ce contexte, les taux d’intérêt souverains outre-Atlantique devraient rester sous pression avec des émissions importantes à venir de dette du Trésor. Qui achètera cette dette ? La banque centrale (FED) a réduit son programme d’achat d’actifs et les investisseurs étrangers comme le Japon et la Chine semblent moins enclins à le faire. Notons que la FED prévoit d’assouplir le ratio de levier des grands banques américaines, ce qui leur permettrait notamment d’acheter davantage de dette souveraine de leur pays : une nouvelle qui tombe à pic !
Un climat d’optimisme sur les bourses
En dépit de toutes ces incertitudes, l’optimisme règne sur les marchés financiers, qui préfèrent voir le verre à moitié plein. Les investisseurs parient sur la signature d’accords commerciaux qui limiteront à la fois l’impact négatif sur l’économie et positif sur l’inflation américaine. En outre, des baisses de taux de la banque centrale américaine sont anticipées : cet assouplissement de la politique monétaire devrait permettre d’une part de dynamiser à l’avenir la croissance, actuellement en phase de ralentissement, et d’autre part de réduire la charge des intérêts de la dette souveraine.
De nouveaux sommets historiques sur les grands indices américains
En juin, les grands indices américains : le S&P 500 et le NASDASQ 100 qui regroupe les grandes sociétés technologiques (NVIDIA, Microsoft, Apple, ...), ont poursuivi leur hausse (+5%) et atteint de nouveaux sommets historiques en dollars.

Progression de l’euro face au dollar
Parallèlement, le dollar confirme une tendance baissière qui semble à présent bien établie. Ainsi, l’euro progresse, passant de 1,135 à 1,179 dollars. Depuis le début de l’année, la monnaie unique enregistre une progression de 13% face au billet vert.
Du coup, les marchés actions euro ont quelque peu stagné au mois de juin, pénalisées par l’incertitude sur les négociations commerciales avec les États-Unis et la poursuite de la hausse de l’euro. La hausse de l’euro diminue donc la compétitivité des grandes entreprises exportatrices, pesant potentiellement sur leurs profits.

Une vue optimiste sur les actions européennes des sociétés de petites et moyennes capitalisations
Au global, l’environnement des marchés s’inscrit entre des perspectives raisonnables de croissance soutenu à l’horizon 2026 et des incertitudes toujours liées à la politique économique américaine. Cela nous incite à conserver une position relativement neutre sur les actifs risqués à la veille d’une période estivale parfois propice à un accroissement de la volatilité.
À noter toutefois qu’étant donné la reprise attendue de la croissance domestique européenne, nous adoptons une vision plus optimiste sur les actions européennes des sociétés de petites et moyennes capitalisations, dont l’activité plus domestique offre une certaine immunisation aux menaces pesant sur les flux commerciaux internationaux. Leur valorisation plus faible fait apparaitre une décote vis-à-vis des grandes capitalisations contrairement à leur moyenne historique. L’amélioration des flux de capitaux sur ce segment est le signe d’un intérêt plus marqué de la part des opérateurs de marché.
