Transcription de la vidéo
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Jérôme Fourquet
Tout le monde constate d’ores et déjà les manifestations du dérèglement climatique.
Les Français ont constaté que de sommets européens en COP19, en COP21, c’était souvent la montagne qui accouche d’une souris. Et donc face à un sommet qui aurait la puissance mais qui n’avance pas assez vite et face aussi à des acteurs individuels qui sont allés au bout de ce qu’ils pouvaient faire, on voit bien qu’il manque un maillon dans la chaîne. Donc on se tourne de plus en plus vers un autre acteur, qui aurait moyen de jouer à l’échelle et qui en même temps serait beaucoup plus agile que la puissance publique, et cet acteur c’est l’entreprise.
Sophie Robert-Velut
Chez Expanscience, ça ne date pas d’hier de se poser des questions sur notre stratégie RSE. C’est une entreprise qui a compris relativement tôt qu’il fallait travailler sur pourquoi on est là ? Quelle est notre utilité et quels sont les impacts positifs ou négatifs qu’on a sur le monde ? Nos entreprises sont extrêmement fragiles et souvent elles n’anticipent pas très très bien les risques dans lesquels elles se sont lancées. Les crises qui se sont succédées ces dernières années nous ont poussés à créer une cartographie de nos risques et de nos dépendances. Et lorsqu’on a fait cette cartographie, on s’est rendu compte que notre stratégie d’entreprise nous permettait d’éviter ou d’anticiper ou d’atténuer un certain nombre de risques et de dépendances qu’on avait observé. Une dépendance à l’eau par exemple. On sait en cartographiant les risques régionaux et départementaux de notre usine, que les cours d’eau de l’usine en Eure et Loire à Épernon vont être très réduits en termes de débit, voire asséchés dans les 15 années qui viennent. Si on n’est pas capable de réduire très fortement notre consommation d’eau, on ne sera plus capable de produire. Donc finalement, ce n’est pas tellement qu’on crée de la valeur supplémentaire pour l’entreprise, c’est qu’on crée de l’atténuation des risques, de l’anticipation des risques et ça va nous permettre de survivre dans le futur.
Jérôme Fourquet
Cette prise de conscience se décline ensuite où elle a des conséquences, notamment sur les comportements de certains consommateurs. Pas de tous, parce qu’il y a aussi la contrainte du pouvoir d’achat pour aller soit consommer local, soit être soucieux d’acheter des produits ou des services dont on pense qu’ils sont plus respectueux ou plus vertueux pour la planète. Il y a ce frein-là, qui est majeur. L’autre frein, c’est celui des habitudes, le confort de vie. Et puis il y a les imaginaires. Ça fait maintenant 60 ou 70 ans que la société française vit dans un modèle qui est hyper consumériste, donc ça ce n’est pas uniquement une question d’argent, c’est une bataille culturelle en fait.
Sophie Robert-Velut
Aujourd’hui, il y a tout un travail de nouveaux récits à faire. La notion de croissance verte m’exaspère parce que je pense que la notion de croissance volumique est problématique quand on veut être compatible avec les limites planétaires. Et en fait c’est être juste compatible avec la réalité ! Les limites planétaires elles sont là qu’on le veuille, qu’on ne le veuille pas, ce n’est pas une question de croyance ou d’idéologie. Je pense qu’il va falloir accepter de décroitre d’une manière ou d’une autre, en en tout cas d’être capable d’avoir des trajectoires où votre entreprise atteint une forme d’équilibre et où ça se passe bien.