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Flash marchés. 02 mai 2024

Les craintes sur le calendrier des baisses de taux directeurs de la Fed1 se sont exacerbées ces dernières semaines – et à juste titre : les publications économiques sont venues rappeler la vigueur des pressions inflationnistes aux Etats-Unis.

Retenons tout particulièrement un marché du travail toujours très tendu, une absence de ralentissement de l’inflation (CPI et PCE)2, et des ventes au détail encore très vigoureuses. La baisse des indicateurs d’activité PMI3 et ISM4 a certes constitué un signal plus rassurant, mais cela n’a pas empêché un net recalage des attentes des investisseurs quant à l’assouplissement de la politique monétaire de la Fed, de trois baisses attendues en 2024 début avril à une seule baisse dorénavant.

Il n’est donc pas étonnant dans ce contexte d’observer un renchérissement du dollar (DXY5 : +1,1%) et une envolée des taux souverains américains (10 ans : +43 pb en avril). Si ces derniers ont entrainé en partie leurs pairs européens (+22 pb en Allemagne), la situation semble bien plus favorable sur le Vieux continent où l’économie semble avoir bel et bien dépassé son point bas, sans que les pressions inflationnistes ne semblent à ce stade redevenir menaçantes pour la BCE6.

Les marchés d’actions se sont une nouvelle fois montrés particulièrement résilients face à ce rebond des rendements obligataires, y compris réels. Le Stoxx Europe 6007 cède ainsi seulement -1% et le S&P 500 -3%8, soutenus en parallèle par une saison de résultats du premier trimestre 2024 (T1-2024) favorablement orientée, en particulier pour les géants américains de la technologie, et en dépit même de signaux de plus en plus mitigés quant à la dynamique liée à l’intelligence artificielle.

La palme de la surperformance revient cependant aux indices chinois qui rebondissent sensiblement (Hang Seng à +7%) après plusieurs mois difficiles, portés par des signaux plus favorables sur l’économie chinoise et de nouvelles mesures de soutien des autorités aux actifs domestiques.

Si ces dernières semaines auront également été marquées par un regain du risque géopolitique, celui-ci s’est finalement estompé à la faveur d’une désescalade des tensions entre l’Iran et Israël. En conséquence, l’or (2320 $/once actuellement vs un pic à 2413 $) et le Brent (84 $/baril vs un pic à 91,4 $) ont donc abandonné une bonne partie de la prime de risque géopolitique qui avait temporairement porté les cours sur des points hauts récents

1 FED : Réserve Fédérale des Etats-Unis en charge du contrôle la politique monétaire des Etats-Unis.

2 CPI et PCE : Le "Core Personal Consumption Expenditures (PCE) Price Index" est un indicateur économique qui mesure l’inflation. Contrairement à l’indice des prix à la consommation (CPI), le Core PCE exclut les catégories d’aliments et d’énergie, car leurs prix peuvent être très volatils.

3 PMI : indicateur composite de l’activité manufacturière d’un pays. En anglais purchasing managers index.

4 ISM : Indice manufacturier produit par l’association des directeurs d’achats américains (Institut for Supply Management) montrant l’évolution des conditions manufacturières aux Etats Unis.

5 DXY : : Indice US Dollar qui compare la force de la devise américaine par rapport aux autres devises.

6 BCE : Banque Centrale Européenne.

7 Stoxx Europe 600 : indice qui permet de suivre les 600 plus grosses capitalisations boursières de 17 pays européens.

8 S&P 500 : indice boursier construit à partir de 500 grandes entreprises cotées sur les bourses américaines.