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Flash marchés. 04 avril 2024

Et si la Fed1 n’était pas en mesure d’abaisser prochainement ses taux directeurs ? Cette hypothèse est en tout cas revenue sur le devant de la scène ces dernières semaines à mesure que la capacité de l’inflation américaine à chuter de manière pérenne a été remise en question.

Les statistiques économiques américaines ont en effet étonné par leur résilience, et si le tassement de la croissance ne se matérialise que très progressivement, c’est surtout la vigueur du marché du travail et donc des pressions inflationnistes qui inquiète.

Les taux souverains américains se sont ainsi maintenus autour de niveaux particulièrement élevés, y compris sur la partie réelle (i.e. hors anticipations d’inflation), alors qu’en parallèle la probabilité intégrée par les marchés financiers de voir la Fed procéder à une première baisse de ses taux directeurs dès juin a chuté à 60% (vs 90% en début de mois).

Le ton est un cran plus optimiste en Europe, et si la BCE2 a certes réaffirmé que la patience était de mise avant de pouvoir assouplir sa politique monétaire en fléchant juin comme hypothèse centrale, la trajectoire plus favorable de l’inflation a permis aux taux souverains de la zone euro de baisser un léger cran de plus que leurs pairs américains (c. -10 pb en France et en Allemagne).

Fidèles à leur optimisme qui dure depuis près de six mois maintenant, les marchés d’actions continuent pour leur part de regarder au travers de ces questionnements et continuent de progresser, de l’ordre de +4% en mars pour le Stoxx Europe 6003 et le S&P 5004. Ces derniers semblent ainsi déjà intégrer la rechute des taux à venir une fois que les banques entameront leur pivotement, en plus de profiter en Europe d’une fin de saison de résultats T4-2023 favorablement orientée. Ne négligeons pas non plus l’impact de messages plus accommodants d’autres banques centrales, en particulier en Suisse où la BNS5 a acté une baisse de ses taux directeurs et où l’inflation continue de se montrer très faible, entrainant par la même occasion une nette dépréciation du franc suisse (-3%).

Il en va de même pour les indices actions japonais (+3% pour le Topix6), lesquels ont préféré retenir la communication toujours conciliante de la banque centrale japonaise quant à sa volonté de maintenir des conditions monétaires accommodantes, plutôt que le relèvement des taux directeurs (+20 pb) acté par l’institution, une première depuis 2007. Les marchés émergents ont de leur côté été davantage freinés par la stagnation des indices chinois.

Soulignons enfin le rebond du cours du pétrole (+6% pour le Brent) qui a bénéficié de :

  • la prolongation des coupes de production de l’OPEP+7 jusqu’à la fin du T2-2024 et le ton plus offensif adopté par le cartel
  • le regain du risque géopolitique tant en Russie (attaques de drones ukrainiens sur des installations pétrolières) qu’au Moyen-Orient (attaque du consulat iranien en Syrie)
  • l’amélioration des perspectives de croissance mondiale entre la confirmation d’un point bas dépassé en Chine et en Europe et le moindre ralentissement constaté aux Etats-Unis.

1 FED : Réserve Fédérale des Etats-Unis en charge du contrôle la politique monétaire des Etats-Unis.

2 BCE : Banque Centrale Européenne.

3 Stoxx Europe 600 : indice qui permet de suivre les 600 plus grosses capitalisations boursières de 17 pays européens.

4 S&P 500 : indice boursier construit à partir de 500 grandes entreprises cotées sur les bourses américaines.

5 BNS : Banque Nationale Suisse

6 TOPIX : Tokyo stock Price IndeX, indice boursier de la bourse de Tokyo (avec le Nikkei 225)

7 OPEP+ : Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) y compris les adhérents inclus en 2016