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Flash marchés. 08 mars 2024

S’il ne fallait retenir qu’un seul élément sur les marchés financiers en février, c’est bien que les principaux indices actions mondiaux (CAC 40, Stoxx Europe 600, S&P 5001, Nikkei...) ont battu de nouveaux records historiques. Ceci est d’autant plus marquant que les taux souverains ont de leur côté été orientés à la hausse, tant en Europe (+25 pb à 10 ans en Allemagne) qu’aux Etats-Unis (+34 pb), dans le sillage du recalibrage des attentes de baisse des taux directeurs dans un sens plus restrictif.

La multiplication des signaux de tassement de l’économie américaine (ventes au détail et production industrielle en recul, léger repli des pressions salariales) n’aura en effet pas pesé bien lourd dans le sentiment des investisseurs face :

  • au rebond des pressions inflationnistes (moindre ralentissement qu’attendu de l’inflation CPI)
  • à la prudence affichée de plusieurs membres de la Fed2 jugeant qu’il était encore prématuré d’envisager une baisse rapide des taux directeurs de l’institution.

Même son de cloche en zone euro où la précaution des membres de la BCE3 a trouvé de l’écho via la résilience de l’inflation (notamment sur le prix des services), ainsi que les multiples signes d’amélioration séquentielle de l’activité économique (l’indice d’activité PMI4 des services est repassé au-dessus de 50, i.e. en territoire d’expansion). Face à des dynamiques semblables des deux côtés de l’Atlantique, la parité euro/dollar est globalement restée stable sur le mois, aux alentours de 1 € = 1,08 $.

Bien loin de ces considérations macroéconomiques, les marchés d’actions se sont laissés porter par une saison de résultats au quatrième trimestre 2023 (T4-2023) favorablement orientée, en particulier aux Etats-Unis où près de 76% des entreprises ont surpris positivement les attentes du consensus quant à leurs résultats. Les indices américains surperforment ainsi leurs pairs européens (+5% pour le S&P 500 vs +2% pour le Stoxx Europe 600). Surtout, ces derniers auront profité de la nouvelle vague d’optimisme liée à l’intelligence artificielle, avec Nvidia (+29% en février) en fer de lance.

En Chine, les indices actions ont également fortement progressé en février (+9% pour le CSI 300) alors que les autorités locales ont accentué encore d’un cran leur soutien à l’économie et aux marchés financiers, tant sur le plan monétaire, que budgétaire, ou même réglementaire.

Notons également la nouvelle progression des marchés japonais qui a permis au Nikkei (+8%) de battre son précédent record remontant à 1989, dans le sillage notamment du recalage toujours plus tardif dans anticipations de la fin de la politique monétaire ultra-accommodante de la BoJ5.

Enfin, sur le marché des matières premières, les cours du brut ont globalement évolué dans un latéral, sans réussir à franchir le plafond de verre à 85 $/b qui subsiste pour le Brent6 , et ce en dépit de la prolongation voire de l’accentuation des coupes de production de l’OPEP+7 qui souhaite maintenir durablement le marché mondial en déficit d’offre. Le prix du gaz continue pour sa part de reculer sensiblement (-18% à 25 €/MWh), lesté tant par la douceur de l’hiver que par la diversité de l’offre.

1 S&P 500 : indice boursier construit à partir de 500 grandes entreprises cotées sur les bourses américaines.

2 FED : Réserve Fédérale des Etats-Unis en charge du contrôle la politique monétaire des Etats-Unis.

3 BCE : Banque Centrale Européenne.

4 Indice d’activité PMI (pour Purchasing Managers Index): mesure le niveau d’activité des entreprises manufacturières.

5 BoJ (Bank of Japan) : Banque centrale du Japon.

6 Brent : Prix d'un baril de pétrole provenant de la mer du Nord et servant de référence sur les marchés

7 OPEP + : Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) y compris les adhérents inclus en 2016