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Flash marchés. 13 mai 2022

Les marchés prennent en compte le risque de stagflation

Si le conflit en Ukraine ne constitue plus, pour le moment, le sujet de préoccupation majeur des marchés, son impact est loin d’être négligeable dans la mesure où il contribue largement au risque inflationniste, élément prédominant des évolutions récentes des marchés financiers.

La confirmation d’une inflation forte et probablement plus durable que prévu initialement

L’accélération de l’inflation au cours des derniers mois s’est généralisée dans le monde au cours des derniers mois. Seuls la Chine et le Japon font état de chiffres relativement stables. Les facteurs explicatifs de court terme sont bien connus : pénuries liées au Covid, flambée des prix de l’énergie, prix de l’alimentation en forte hausse du fait d’une diminution de l’offre de céréales. Ils agissent plus particulièrement sur les éléments volatils de l’inflation et devraient ralentir prochainement grâce aux effets de base. L’inflation américaine est ainsi ressortie en légère baisse en avril (+8.3% contre +8.5% le mois précédent). Mais les pressions inflationnistes sous-jacentes restent importantes à l’image de l’inflation cœur qui s’affiche à +6.2% sur un an en avril, soulignant ainsi une tendance plus inquiétante à moyen terme qui s’appuierait notamment sur les mouvements de déglobalisation et de transition écologique.

Les banques centrales sous pression sont prêtes à agir fortement

Cet environnement inflationniste oblige les banques centrales à accentuer leurs politiques de resserrement monétaire. Alors que les banques centrales des pays émergents avaient déjà débuté des cycles de hausse des taux d’intérêt dès l’année 2021, leurs homologues des pays développés, FED et BCE, agissent cette année au travers d’un mix de hausse des taux d’intérêt et de réduction de leur bilan ou de leur rachat d’actifs. La priorité est clairement la lutte contre l’inflation au risque de peser sensiblement sur la croissance économique. C’est pourquoi on parle à nouveau de risque de récession, qui concerne plus particulièrement l’Europe compte tenu de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Si les indicateurs économiques d’activité demeurent bien orientés, les baisses sensibles des indices de confiance des consommateurs préjugent d’un avenir proche plus nuancé.

Les marchés financiers doivent s’adapter

La détérioration de l’environnement économique et le ton nettement plus restrictif des banques centrales se sont traduits par des corrections tant sur les marchés obligataires que d’actions, qui évoluent ainsi dans le même sens rendant momentanément inopérante la notion de diversification des portefeuilles. Portés jusqu’à présent par des politiques monétaires très accommodantes, les marchés financiers cherchent de nouveaux support sur lesquels s’appuyer qui seront fonction de l’évolution des deux éléments au cœur du risque de stagflation : inflation et croissance.

Compte tenu des tendances en cours, nous préconisons toujours une approche prudente dans l’attente d’éclaircies principalement sur le sujet de l’inflation qui détermine l’attitude des banques centrales.