Après des semaines de tension, Vladimir Poutine a reconnu hier soir l’indépendance de territoires ukrainiens séparatistes et a pris des mesures pour y assurer la sécurité.
Ce mardi, après une longue période d’incertitude, les marchés financiers ne réagissent que peu à ces évènements, tenant compte de l’aspect limité des sanctions imposées jusqu’ici : les indices boursiers CAC 40 et Euronext sont quasi-stables après une ouverture très défavorable (sans annuler cependant la forte baisse d’environ 2% la veille, en anticipation des annonces russes), tandis que les taux obligataires souverains, qui baissaient fortement à l’ouverture, sont aussi presque inchangés.
La question aujourd’hui reste de savoir si les dirigeants russes ont l’intention d’aller plus loin dans ce conflit, même s’ils annoncent souhaiter poursuivre le dialogue. L’ONU et la majorité des membres du Conseil de Sécurité ont dénoncé cette décision. Après de premières annonces prudentes de sanctions, les États-Unis comme l’Union Européenne se préparent à des mesures plus fermes. L’enjeu repose dorénavant sur les prochaines décisions de Moscou, l’ampleur des sanctions qui en découleraient, et les effets en retour sur l’Europe.
En effet, l’intervention militaire de la Russie dans la région séparatiste du Donbass à l’est de l’Ukraine laisse planer la menace de représailles de la part des occidentaux qui pourraient se concrétiser par un isolement économique et financier de la Russie. Ces mesures seront activées si les troupes russes se rapprochent de Kiev. Pour les Européens, la question cruciale reste l’approvisionnement énergétique. Le pétrole est d’ailleurs l’actif dont la réaction est la plus sensible, étant passé au-delà de 98 $ le baril et le gaz suit un mouvement haussier similaire. Les prix de l’énergie (40% du gaz européen est d’origine soviétique) et de certaines céréales pourraient alors connaitre une nouvelle flambée, et générer un ralentissement marqué de l’économie sur fond d’inflation élevée. On parlerait alors de stagflation, situation préjudiciable pour les actifs à risque.
Dans cet environnement macro-économique qui s’est détérioré depuis plusieurs semaines, l’aggravation du contexte géopolitique fait apparaître un nouveau risque pour les marchés financiers. Cependant, il ne s’agit pas de notre scénario principal.
Nous pensons que les voies diplomatiques dans ce conflit seront privilégiées, afin d’éviter que chacun des protagonistes ne soit in fine perdant. Les principaux indices, en repli de 5 à 10% depuis le début de l’année, reflètent cette configuration. Ils ont intégré une partie des menaces géopolitiques, un début de resserrement des politiques monétaires et un prochain pic d’inflation avant une décrue pour le second semestre.
Nous confirmons notre allocation dite « neutre » en référence aux différents indicateurs selon les profils de nos portefeuilles. Au-delà de ces évènements, et bien que prudents, nous restons malgré tout confiants dans la poursuite du cycle économique (et dans la hausse des bénéfices des entreprises), ainsi que dans l’hypothèse d’un tassement à moyen terme des prix des matières premières et de l’inflation.
Bien entendu, nous allons rester particulièrement vigilants dans les prochains jours, afin de vérifier si l’évolution de la situation géopolitique est conforme à nos prévisions. Dans le cas contraire, nous pourrions modifier rapidement notre allocation d’actifs.