Recul des marchés financiers sur fond de crise ukrainienne
Les principaux éléments macro-économiques
Nous évoquions jusqu’à présent un scénario central macro-économique fondé sur une stabilité géopolitique en Europe de l’est. L’intervention militaire de la Russie en Ukraine, qui s’étend largement au-delà de la région séparatiste du Donbass, rebat significativement les cartes.
Au-delà de ses impacts directs, ce conflit risque de modifier les anticipations économiques sur plusieurs plans :
- Impliquant un des plus grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, le conflit actuel met sous pression les prix de l’ensemble des ressources énergétiques. Ceux-ci pourraient rester durablement plus élevés qu’anticipé, et générer une inflation plus forte dans tous les pays développés.
- La confiance des ménages pourrait de nouveau s’effriter et peser sur la consommation. Les « bruits de bottes » ne sont jamais un signal positif pour l’ensemble des acteurs économiques, surtout quand les « canons » se font entendre aux portes de l’Europe. En parallèle, l’inflation élevée va continuer de réduire le pouvoir d’achat des consommateurs. Face à la progression des prix des carburants, du gaz et de l’électricité, les ménages vont devoir faire des arbitrages dans leurs achats au détriment des produits jugés non essentiels. Un ralentissement de la consommation, qui représente 70% du PIB dans les pays développés, se traduira automatiquement par des révisions en baisse de la croissance mondiale.
- Les banques centrales se retrouvent dans un dilemme kafkaïen. Alors que la demande domestique pourrait « accuser le coup », les banquiers centraux font déjà face à des tensions inflationnistes, et se doivent de commencer à normaliser leurs politiques monétaires. Un risque de stagflation (faible croissance et inflation) pour les pays développés n’est pas à exclure dans les prochains mois.
Marchés financiers et allocation d’actifs
Comme anticipé, l’invasion de l’Ukraine par la Russie provoque une déstabilisation des marchés financiers et une envolée des prix de l’énergie :
- les cours du brent ont franchi la barre des 100$,
- les principaux indices européens cèdent aujourd’hui entre 3% et 4%.
Les incertitudes macro-économiques et la prime de guerre justifient un tel mouvement. En contrepartie, les actifs dits « refuge » comme l’or, les marchés obligataires souverains et certaines devises comme le dollar et le franc suisse parviennent à faire preuve d’une relative stabilité.
Nous prenons acte des modifications du contexte économique et monétaire qui avait bénéficié aux marchés financiers depuis 18 mois. Nos sociétés de gestion procèdent en conséquence à une réduction de l’exposition au risque « actions » dans les différents profils de gestion.
À très court terme, le risque d’une surenchère dans les sanctions qui seront prises par les américains et les européens à l’encontre de la Russie va alimenter le stress des investisseurs. Le bras de fer entre les différentes parties en présence peut d’ailleurs se poursuivre. Certains spécialistes évoquent même la nécessité pour les États-Unis d’envoyer un message de fermeté clair à la Chine, qui pourrait saisir l’opportunité d’intervenir militairement à Taiwan.
Nos sociétés de gestion allègent leurs positions en actions européennes en raison des risques liés au conflit militaire et face à la dépendance énergétique de l’Europe (40% des importations de gaz proviennent de la Russie). En parallèle, une réduction de la pondération « actions internationales » - en majorité représentée par des actions américaines jugées plus sensibles à la remontée des taux d’intérêt pour cause de valorisations élevées - est opérée.
Contrairement à l’exercice précédent, l’année boursière 2022 s’avère beaucoup plus volatile et nécessite une gestion plus active, en fonction du contexte macro-économique et géopolitique, mais également du niveau des marchés.