Les principales bourses viennent de connaître une correction rapide et généralisée. Sur les plus hauts de l’année, les indices enregistrent à ce jour une baisse de 10 à 12% en l’espace de quelques séances. Les marchés d’actifs à risque avaient jusqu’à présent ignoré le scénario d’une crise sanitaire à l’échelle mondiale, avec notamment des valeurs américaines au plus haut historique la semaine dernière. La consolidation actuelle peut s’expliquer par un simple effet de rattrapage ou d’ajustement des actions vis-à-vis d’un risque exogène mal évalué à court terme, dont les conséquences sur le monde économique seront probablement plus importantes que prévu.
Quel a été le déclencheur ?
Les mesures de confinement de certaines villes et les décisions de fermeture d’institutions prises en Italie au cours du week-end pour endiguer la propagation du coronavirus Covid-19 sont les principaux déclencheurs de cette soudaine aversion au risque. Jusque-là, les pays asiatiques étaient presque les seuls concernés par de telles mesures. Désormais, l’Europe et d’autres pays du Moyen-Orient sont également touchés par la contamination de ce virus. Les États-Unis pourraient être concernés plus significativement par ce sujet, de même que l’Afrique qui est restée pour l’instant épargnée par cette maladie.
Quelles conséquences macro-économiques ?
Il ne fait aucun doute que la croissance mondiale sera affectée en ce début d’année avec des effets collatéraux qui pourraient se prolonger jusqu’à la fin du premier semestre. En Chine, la consommation et la production sont en nette baisse, justifiant une révision à la baisse de 2 points de la croissance du PIB sur les trois premiers mois de l’année (+4% selon les spécialistes). Aux États-Unis, l’enquête sur l’activité économique dans le secteur des services (dont le transport et le tourisme) est repassée sous le niveau de 50, c’est-à-dire en zone de contraction. En zone euro, le ralentissement n’est pas encore chiffré, mais les économistes évoquent déjà une possible récession en Italie, pays le plus touché par l’épidémie.
Quelle sera l’attitude des banques centrales ?
Une fois de plus, ces dernières vont de nouveau se montrer particulièrement actives si le besoin s’en fait sentir. C’est déjà le cas en Chine où la BPoC (banque populaire de Chine) a activé plusieurs baisses de ses taux d’intérêt de référence, injectant ainsi des liquidités supplémentaires dans la sphère économique. D’autres mesures pourraient être prises par les autorités politiques chinoises comme la relance de plans d’investissement ou le soutien du secteur de la construction résidentielle. Aux États-Unis, comme en Europe, le risque de ralentissement brutal de l’activité économique sera également suivi par les banques centrales. Avec des taux directeurs compris dans une fourchette entre 1,50 et 1,75%, la Fed a notamment la capacité d’intervenir rapidement, comme elle l’avait fait à plusieurs reprises en 2019.
Que faire ?
La correction actuelle des principaux indices n’est pas illogique compte tenu du risque pandémique (et de ses conséquences économiques), mais également de la résilience des actions jusqu’à la fin de la semaine dernière. Seuls, le pétrole en repli de 30%, la hausse de l’or et la fermeté de quelques devises dites « refuges » (dollar, franc suisse, yen) laissaient percevoir une relative inquiétude des investisseurs. Celle-ci s’est également traduite dans nos portefeuilles par un poids important des liquidités depuis plusieurs semaines et la présence de mines d’or au sein de nos profils diversifiés, dans l’attente d’une éventuelle consolidation des actions. Dans le cadre d’un scénario prudemment optimiste sur l’évolution de cette épidémie, c’est-à-dire, un contrôle des risques sanitaires dans les prochaines semaines, et un retour « à la normale » au printemps, les marchés financiers pourraient trouver rapidement des points d’appui. Il semble donc trop tard pour alléger les portefeuilles. Pour autant, il convient de ne pas se précipiter pour « racheter à bon compte » dans l’immédiat. Les algorithmes de marchés testent des zones de support des indices au gré des récentes informations sur le nombre de nouveaux cas d’infections détectées.
Dans un marché qui va rester particulièrement volatil, où l’émotionnel pourrait prendre le pas sur les fondamentaux de moyen terme, il convient donc de faire preuve de patience. Les prochains jours devraient être décisifs pour se faire une idée plus précise sur la capacité des marchés actions à se stabiliser.