Investissement non coté et création de valeur

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’étude « Création de valeurs »1 ?

Claire Chabrier : Cette étude, que nous avons menée, porte sur la création de valeur générée par le capital investissement. Elle concerne les entreprises françaises qui ont bénéficié de l’apport de capitaux propres de la part de fonds de capital-investissement, membres de France Invest, actionnaires majoritaires ou disposant d’une minorité de blocage, et qui ont cédé leurs titres en totalité entre 2012 et 2020.

Elle démontre clairement la résilience du modèle économique d’accompagnement des entreprises non cotées par des fonds d’investissement. Y compris au cours de l’année 2020, particulièrement atypique, inédite dans son déroulement, et non anticipée.

CIC Banque Privée : Comment se mesure concrètement cette réalité, du point de vue plus spécifique des facteurs de la création de valeur ?

Claire Chabrier : Identifier comment se fait la performance, c’est une recherche au cœur de la démarche de France Invest. Il ressort très nettement que la performance des entreprises appartenant aux portefeuilles des fonds d’investissement est venue d’abord d’un « effet résultat », lui-même révélateur de la qualité des entreprises et des entrepreneurs qui les animent.

Cet effet est mesuré tout au long du cycle de vie pendant lequel les entreprises sont accompagnées par les fonds, à savoir en moyenne 5 ans et demi sur l’échantillon analysé de 317 entreprises.

Que peut attendre une société non cotée de l’accompagnement d’un fonds ?

Claire Chabrier : Une des premières ambitions de France Invest et de ses membres est de permettre aux PME de devenir des ETI2.

Les équipes des sociétés de gestion sont parfaitement qualifiées pour apporter aux entreprises de leur portefeuille un appui expert, appliqué à l’ensemble des thématiques qui peuvent les aider à se développer et à améliorer leurs résultats.

Mais il n’y a pas « d’effet magique » ! Les acteurs du capital-investissement français se sont organisés en une industrie de plus en plus sophistiquée pour soutenir les entreprises en leur permettant d’identifier des axes de développement, et/ou des cibles à acquérir, que ce soit en France ou à l’international.

Il est plus facile d’être accompagné que seul, pour se lancer dans une démarche de digitalisation, pour initier ou renforcer un investissement dans l’innovation, bref pour se transformer et accélérer dans de bonnes conditions.

Selon les propres constats des entrepreneurs, disposer d’un partenaire financier à leurs côtés leur confère un surcroît de crédibilité, leur apporte une aide à la décision matérialisée par un soutien sur les grandes orientations stratégiques à prendre, et enfin renforce leur dynamique.

Comment les salariés des sociétés accompagnées perçoivent-ils l’entrée d’un fonds d’investissement au capital de leur entreprise ?

Claire Chabrier : Les chiffres sont significatifs : dans les entreprises concernées, issues du panel étudié, le comité d’entreprise a rendu un avis favorable ou neutre dans 98% des cas sur l’entrée des fonds, et dans 99% des cas, sur le choix du repreneur à la sortie.

Comment aidez-vous les entreprises à appréhender toutes les dimensions de l’accompagnement par un fonds d’investissement ?

Claire Chabrier : France Invest a pris l’initiative de créer le « Club des Operating Partners », première organisation de ce type en Europe, qui a pour vocation de constituer un outil au service des acteurs de l’entreprise, aux côtés des dirigeants. Le club adresse des thématiques spécialisées (croissance externe, digitalisation, etc.) ou plus généralistes, ainsi que des projets très particuliers propres à certaines entreprises.

Que peut apporter France Invest à notre clientèle de dirigeants d’entreprises familiales ?

Claire Chabrier : France Invest accompagne ces entrepreneurs familiaux sur le long terme, afin de les aider, quand ils le souhaitent, à trouver un partenaire sur mesure, adapté à leur ADN et à leur recherche des chemins de la croissance ou de la transformation.

Les investissements des fonds peuvent très souvent être minoritaires, de manière à rester parfaitement compatibles avec la gouvernance de l’entreprise familiale. Ils se font intuitu personae, en respectant les temps et les moments de la famille. Le degré de maturité aujourd’hui atteint par les acteurs du capital-investissement en France est gage de pérennité et de prise en compte du temps long, cher aux entrepreneurs familiaux.

De nombreuses sociétés de gestion ont également mis en place des expertises régionales, qui respectent ainsi la proximité de décision recherchée par les entreprises familiales.

Quels avantages l’investisseur privé peut-il attendre d’un placement d’une partie de son épargne dans des fonds non cotés ?

Pour mémoire, CIC Banque Privée recommande d’investir a maxima 10% de son épargne financière en actifs non cotés.

En rapport avec leurs potentiels de gains élevés, les classes d’actifs non cotées sont des classes d’actifs présentant des profils de risques élevés. Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.

Le capital investi peut ne pas être restitué, en tout ou en partie.

Claire Chabrier : Les particuliers investisseurs sont sensibles aux mêmes enjeux que les entrepreneurs. Votre clientèle est principalement composée d’entrepreneurs qui apprécient que leur banquier partage le même langage de l’entreprise et de la création de valeur.

Les performances peuvent être très intéressantes en contrepartie d’une immobilisation relativement longue des capitaux investis. Si elles ne sont pas garanties, les performances sont en principe robustes, et généralement peu sujettes à la volatilité, bien que le risque en capital demeure.

Les particuliers investisseurs apprécient également que ces placements en « non coté » leur parlent d’histoires d’entreprises, de stratégies, de destins.

Investir dans le non coté permet de donner du sens à son patrimoine.

1 Étude « Création de valeur », publiée en décembre 2021 par France Invest, l’association des investisseurs pour la croissance.

2 ETI : Les ETI constituent une catégorie d’entreprises intermédiaire entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises. L’INSEE précise qu’une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est soit une entreprise de moins de 250 salariés, avec plus de 50 M€ de chiffre d’affaires et plus de 43 M€ de total de bilan; soit une entreprise de 250 à 4 999 salariés, avec un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 Md€ et un total de bilan n’excédant pas 2 Md€.