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Flash marchés. 28 octobre 2020

Point marchés financiers. 28 octobre 2020.

Environnement macro-économique

L’aversion au risque, palpable depuis le milieu du mois d’octobre, s’est accentuée ces derniers jours, sur fond d’inquiétude quant à l’ampleur des mesures à prendre pour maîtriser de nouveau la diffusion de la Covid-19. La France s’est résolue mercredi à aller au-delà du couvre-feu nocturne, en remettant en place un confinement moins dur qu’au printemps, mais dont la portée pénalisera tout de même les perspectives de croissance économique de manière notable. Elle risque de n’être que le premier des grands pays développés à le faire, même si elle suit des décisions similaires prises récemment en Israël et en Irlande. Il convient de noter que ceci porte ses fruits et se révèle déjà très efficace dans ces pays.

L’impact sur le prix des actifs risqués est d’autant plus marqué depuis le début de la semaine que d’autres facteurs d’incertitude subsistent, voire se renforcent. Mentionnons en premier lieu le report dans le temps de la publication des premiers résultats des tests de phase 3 pour le vaccin du laboratoire Pfizer, pourtant évoqués pour fin octobre, qui rappelle que la patience est de mise en ce qui concerne de nouveaux progrès médicaux susceptibles de changer la donne. Évoquons en second lieu toute l’incertitude autour du résultat des élections présidentielle et législatives américaines du 3 novembre alors que les sondages se resserrent, et que des espoirs d’une victoire complète du parti démocrate avaient récemment entretenu les anticipations d’un plan de relance massif, favorables à l’économie et aux marchés financiers. Rappelons par ailleurs que les modalités du Brexit ne sont toujours pas fixées, alors que l’échéance du 31 décembre approche. Soulignons enfin le retard pris pour avancer la mise en œuvre du plan de relance pan-européen, bloqué à ce stade par les positions de la Pologne et de la Hongrie, qui demandent des concessions.

Nous restons convaincus que la plupart de ces questions finira par se résoudre, et au minimum que le fait qu’une issue soit trouvée apportera davantage de visibilité, nécessaire pour entretenir l’appétit pour les actifs risqués. Ceci pourrait cependant prendre encore plusieurs semaines, en particulier pour les questions sanitaires et médicales.

Marchés financiers

On pouvait craindre en cette fin octobre, une semaine difficile avec une aggravation de la pandémie en Europe et Outre-Atlantique ainsi qu’une certaine incertitude politique à la veille des élections présidentielles américaines.

Cette remontée des risques se confirme, avec notamment des décisions politiques de reconfinement partiel de l’activité en Europe afin de freiner l’extension de cette « seconde vague » et ses conséquences sur la logistique des hôpitaux.

Les investisseurs se positionnent dans l’anticipation d’une rechute de l’activité en cette fin d’année, avec des doutes sur la capacité des économies à rebondir sensiblement début 2021, face à l’absence d’une solution médicale efficace et largement répandue parmi la population.

Après une longue période d’hésitation de cinq mois, les indices européens rechutent de nouveau de plus de 10% depuis deux semaines, avec une accélération ces derniers jours. Sur les autres grandes places financières, Wall Street plie mais ne rompt pas grâce à la forte présence de ses grandes valeurs technologiques et pharmaceutiques (devons-nous rappeler que ce sont les rares entreprises gagnantes de la crise actuelle ?). De l’autre côté de la planète, il faut remarquer en Asie et surtout en Chine et au Japon, le bon contrôle de l’épidémie, qui permet aux habitant de ces pays de retrouver une vie normale. La bonne performance relative des indices émergents asiatiques et du Nikkei traduit donc la dynamique positive de la croissance économique de ces pays.

Comme à chaque forte remontée de la volatilité (le VIX revient ainsi sur les 40 points, niveau le plus élevé depuis juin dernier), certains actifs parviennent à se différencier. À défaut de s’apprécier (comme dans les crises précédentes), les marchés obligataires souverains sont globalement stables, et certaines devises font preuve de fermeté à l’image du franc suisse et du dollar.

La situation des marchés financiers est-elle comparable à celle vécue en février et mars 2020 ?

Plusieurs éléments militent pour certaines différences :

  • L’effet de surprise lié à la pandémie « joue » moins, même si cela reste une mauvaise nouvelle en soi.
  • Les investisseurs savent que les politiques budgétaires et monétaires seront présentes, et peut être au-delà des montants déjà engagés jusqu’à présent.
  • Les sorties de vaccins et médicaments contre la Covid-19 sont relativement proches et leurs larges diffusions devraient intervenir courant 2021.
  • Enfin, comme le montrent les publications des résultats trimestriels des entreprises, ces dernières parviennent à s’adapter, en dehors des secteurs les plus durement touchés (loisirs, tourisme, événementiel, culture...)

S’il est légitime de penser que les marchés n’iront pas chercher leurs points bas de mars dernier, il est très délicat pour autant d’évaluer avec précision les prochains points de support qui pourraient servir de référence aux indices. Il semble opportun de se donner quelques jours de réflexion afin d’évaluer les mesures et leurs conséquences économiques, prises par les gouvernements pour contenir l’épidémie. Les élections américaines du 3 novembre constituent également un autre sujet de réflexion, dont les conclusions dépendront, dès qu’il sera connu, du nom du prochain locataire de la Maison Blanche.

Cela étant, malgré toutes ces incertitudes actuelles, nous restons constructifs dans la volonté de gérer nos portefeuilles sur une vision de moyen terme qui se veut optimiste. Comme cela avait été déjà évoqué précédemment, nous attendions une « porte d’entrée » pour renforcer nos positions. La porte vient de s’ouvrir. Soyons prêts à la franchir... avec prudence.