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Flash marchés. 09 Avril 2020

Point marchés financiers. 09 avril 2020.

L’évolution de l’épidémie envoie des signaux rassurants en Europe. Ceci a conduit à ce que, le 6 avril, certains pays, relativement moins touchés (Autriche, Danemark) annoncent une possible sortie très progressive du confinement à partir de la mi-avril ; ils envisagent notamment la réouverture de certains magasins et parcs.

Aux États-Unis, les derniers chiffres sont également encourageants concernant New-York, même si le pays subira, comme d’autres, le retard pris dans la mise en place de mesures visant à endiguer l’épidémie.

En revanche, le Japon, jusqu’ici relativement épargné, a vu le nombre de cas progresser suffisamment pour contraindre le gouvernement à appeler à l’état d’urgence, preuve qu’il faut rester prudent quant à la rapidité du déconfinement à venir.

Dans ce contexte, les gouvernements ne relâchent pas leurs efforts de soutien à l’économie. Tokyo vient d’annoncer des dépenses massives (20% du PIB, même si la dépense incrémentale réelle, au-delà des différentes garanties, est plutôt estimée à 7% du PIB), tandis qu’un nouveau plan de 500 milliards de dollars est en débat aux États-Unis (une moitié pour les PME et l’autre en aide directe aux ménages) et qu’une enveloppe de dépenses de 500 milliards d’euros est évoquée pour les pays de la zone euro où, en plus des garanties aux travailleurs et des financements aux PME, les aides au paiement des loyers sont à l’étude dans de plus en plus de pays, dont la France. Ceci contribuera au rebond de l’économie au second semestre, après une période très compliquée entre les mois de mars et de mai (les statistiques économiques « en dur » sont encore rares à ce stade, mais l’on peut par exemple mentionner le recul de plus de 40% des ventes de nouveaux véhicules au Royaume-Uni au mois de mars, alors que le pays n’est entré en confinement qu’en fin de mois).

Les signaux concernant l’économie et les mesures de soutien se combinent pour alimenter un regain d’appétit pour le risque. Ce mouvement portent les principaux indices actions mais aussi les taux souverains mondiaux ; il nécessite en retour un assouplissement monétaire accru des banques centrales via des achats massifs de dettes par les banques centrales américaine et européenne. Ceci permettra de garantir des conditions de financement favorables, aussi bien, dans le cas de la BCE, pour les pays du sud de l’Europe que pour les entreprises (l’institution ayant annoncé un assouplissement des conditions auxquelles elle acceptera les dettes d’entreprises comme collatéral). Le renforcement de la confiance se reflète aussi sur les autres classes d’actifs, aussi bien sur les parités de change (repli du dollar face aux principales devises, dont face à l’euro) que sur les matières premières, notamment le Brent, lequel poursuit sa remontée dans l’espoir de coupes de production des principaux producteurs dans les prochaines semaines.

Au plus fort de la crise à la mi-mars, les indices actions, notamment en Europe, ont ainsi cédé jusqu’à 40% entre les points hauts de début d’année et les points bas du 16 mars. La recherche de la liquidité a été le seul fil conducteur des investisseurs sur cette période. Tous les actifs à risques, y compris les obligations d’entreprises et dérivés ont été fortement pénalisés sans discernement fondamental par ailleurs.

Ce mouvement de liquidation n’a pris fin que pour deux raisons :

  • la première liée aux premières évaluations positives de la politique de confinement mise en pratique en Chine,
  • et la seconde à l’ensemble des mesures prises par les autorités bancaires et gouvernementale pour soutenir l’activité.

Néanmoins, même après un rebond des indices depuis le 16 mars, le bilan depuis le début de l’année est lourd, avec des replis de plus de 20% en moyenne en devises locales. Les investisseurs ont ainsi pris en compte le scénario d’une brutale récession mondiale, avec comme corollaire, une chute de 30% des profits des entreprises sur l’exercice 2020. À noter cependant, le rebond récent des places boursières, dont Wall Street. En effet, les valeurs américaines, qui avaient moins chutées, ont repris 25% et limitent leurs replis à 15% depuis le début d’année. La performance est encore plus spectaculaire sur les valeurs technologiques, avec un Nasdaq composite en baisse limitée de moins de 10% sur la même période. Cet indice est même positif sur 6 mois glissants sur lors de la séance du 8 avril ! (cf. graphique ci-dessous).

Évolution du Nasdaq composition sur un an glissant
Évolution du Nasdaq composition sur un an glissant

S’il faut se féliciter d’une amélioration de la crise sanitaire en Europe, avec une moindre augmentation de personnes malades intégrant l’hôpital, il n’en reste pas moins que de nombreuses incertitudes demeurent. Parmi les principales, on peut se poser des questions sur l’évolution de la pandémie aux États-Unis. Le pic épidémique général n’est pas encore atteint, malgré quelques signes encourageants dans l’État de New-York. À ce jour, il est encore particulièrement difficile de faire des prévisions sur les perspectives économiques mondiales. Certes, tous les économistes s’accordent sur une récession globale. Mais celle-ci est impossible à chiffrer avec précision. L’un des éléments clés des prochaines semaines sera la date et l’ampleur de la période de déconfinement. Tout retard significatif sur ce sujet (c’est-à-dire au-delà du mois de mai en Europe), ou tout risque de rechute au niveau de la crise sanitaire provoqueront une aggravation de la récession, supérieure aux chiffres envisagés à l’heure actuelle.

Nous restons attentifs à l’évolution des marchés actions à court terme qui semblent envisager un scénario peut-être trop optimiste. C’est notamment le cas du marché américain qui a fortement remonté depuis ses points bas. De nouveaux replis ne sont pas à exclure. Le segment des obligations d’entreprises européennes bien notées (Investment Grade) peut retenir quant à lui l’attention. Les rendements attendus redeviennent attractifs, avec un risque limité compte tenu du rôle de la BCE qui sera un acheteur structurel de ce type d’obligations.