Point marchés financiers. 10 juillet 2020.
Les bonnes nouvelles concernant la tenue de l’activité économique sont revenues sur le devant de la scène. Aux Etats-Unis, les chiffres de l’emploi du mois de juin ont témoigné d’un nombre de créations d’emplois plus important qu’attendu, avec un effet favorable sur le taux de chômage qui, pour sa part, a rechuté de manière plus large qu’anticipé. Cette tendance positive a ensuite été confirmée par les indicateurs d’activité avancés ISM américains de juin, qui témoignent bien que l’économie américaine est en capacité de rebondir rapidement, alors que les mesures de restriction ont progressivement été levées.
Néanmoins, cette dynamique de réouverture de l’économie américaine s’est interrompue dans le sillage d’une situation sanitaire qui se dégrade fortement de nouveau. En effet, les records battus jour après jour en termes de nouvelles contaminations quotidiennes ont incité les gouverneurs locaux de certains Etats américains à arrêter le processus de déconfinement en cours, voire à faire machine arrière en remettant sur pied des mesures fortes de restrictions. Outre-Atlantique, le port du masque est désormais obligatoire dans près de 20 états. Mais, le retard pris dans la situation sanitaire et les mesures nécessaires qui en découlent, auront des effets négatifs prolongés sur la croissance. Un message qui a été repris par de nombreux membres de la Fed ces derniers jours, et qui est au cœur des inquiétudes de l’institution. Ceci témoigne de la nécessité pour Washington de poursuivre son soutien budgétaire mais, pour l’heure, aucun accord n’a été trouvé au Congrès, et les vacances parlementaires s’étalent jusqu’au 20 juillet.
En zone euro, la situation sanitaire semble davantage sous contrôle, malgré quelques reconfinements locaux (notamment dans deux régions d’Espagne). Là aussi, les indicateurs économiques surprennent favorablement (indicateurs d’activité PMI de juin, ventes aux détails de mai). Ceci a conduit, en France, la Banque Centrale à revoir dans un sens moins défavorable l’estimation de la perte d’activité au mois de juin (-9% par rapport à l’année dernière contre -12% précédemment). L’Insee a confirmé par ailleurs que le redémarrage économique se déroule bien. Néanmoins la question des impacts durables sur l’économie européenne via les pertes d’emplois reste prégnante, notamment dans les secteurs les plus touchés, comme l’ont illustré par exemple les annonces de réduction d’effectifs chez Airbus et ses fournisseurs. À l’image des états qui maintiennent des mesures d’aide significatives, même si les négociations concernant le plan de relance le 17-18 juillet s’annoncent très difficiles, la Banque centrale européenne ne prendra donc aucun risque. Elle va continuer à favoriser la reprise d’activité en facilitant les investissements publics comme privés, via le maintien de conditions de financement extrêmement favorables.
Après le rebond initial des marchés financiers à la mi-mars, ces derniers s’étaient stabilisés avant de repartir de l’avant en mai. Ils ont alors touché un point haut sur les trois derniers mois vers le 8 juin. Depuis cette date, à l’exception de l’indice Nasdaq composite qui a continué à progresser, les autres grands marchés se sont placés dans une configuration latérale (cf. graphique ci-dessous). La seule alerte s’est produite le 15 juin dernier (le CAC 40 revenant brièvement toucher la barre des 4 700 points) suite au développement de la pandémie aux Etats-Unis et à l’enregistrement de nouveaux malades à Pékin. Mais les indices se sont redressés rapidement avec l’annonce de la Fed d’étendre son programme de rachats d’obligations d’entreprises sur le marché secondaire.
Il semble que les opérateurs de marché manquent de conviction sur les niveaux actuels, et continuent à s’interroger sur les problématiques du moment.
La dégradation de la crise sanitaire aux Etats-Unis ne risque-t-elle pas de remettre en question le processus de déconfinement du pays et de briser net la reprise actuelle de production et de la consommation ? L’amélioration constatée du marché de l’emploi pourra-t-elle s’installer dans le temps, alors que les entreprises sont dans une situation financière tendue avec, pour certaines d’entre elles, un risque de dépôt de bilan ?
Au-delà des anticipations macro-économiques, la publication des résultats des entreprises sur leur premier semestre et les commentaires qui suivront pourraient fournir des informations utiles quant aux estimations des analystes financiers sur les exercices 2020 et 2021. Ces informations devraient également permettre d’affiner la perception des investisseurs sur l’évaluation des marchés financiers dans un contexte d’absence de rémunération des placements obligataires.
