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Flash marchés. 19 juin 2020

Point marchés financiers. 19 juin 2020.

En France, le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche dernier une accélération du déconfinement en permettant la réouverture des cafés et restaurants et le passage de l'Ile de France en zone verte dès ce lundi. Alors que la crise sanitaire semble être maintenant maitrisée en France et même en Europe, le gouvernement français veut à présent favoriser la reprise de l’activité, afin de permettre à la croissance de rebondir tout en évitant de recourir à des hausses d’impôts.

La situation sanitaire est néanmoins loin d'être sous contrôle dans le reste du monde, ce qui continuera d'alimenter l'aversion au risque des investisseurs sur tous les marchés du monde. Alors que le nombre de nouveaux cas augmente très fortement dans des pays émergents en Asie du Sud et en Amérique du Sud, la situation devient également très problématique aux États-Unis dans certains États. En Chine, une partie de la ville de Pékin s'est même reconfinée à la suite de l'apparition de nouveaux cas dans un des plus grands marchés du pays.

En parallèle, la banque centrale américaine a détaillé son programme de prêts visant à assurer des conditions de financement favorables à un maximum d’entreprises, ce qui contribue à maintenir les taux souverains sous pression, y compris sur les échéances longues alors que de son côté, la Maison-Blanche continue de plancher sur un nouveau plan d'investissement. D’autres éléments ont aussi contribué à alimenter un regain d’appétit pour les actifs risqués (dont le Brent, qui se maintient au-dessus de 40 $/baril), en particulier des chiffres de vente au détail particulièrement encourageants outre-Atlantique (à nuancer avec la générosité des aides aux ménages accordées par Washington).

De l'autre côté de l'Atlantique, les négociations du Brexit entre l'Union Européenne et la Grande-Bretagne ont pris un nouvel élan. Certes les dirigeants des deux parties ont acté une absence d'extension de la période de transition, mais cette issue était déjà largement intégrée, comme l’illustre l’absence de réaction significative de la livre sterling, toujours autour de 1 € = 0,90 £. La route vers un accord avant cet été reste néanmoins encore longue avec de nombreux points de dissension entre les deux parties, à l'image de la détermination des conditions équitables de la concurrence, un enjeu majeur pour l'Union européenne.

Nous avions évoqué la semaine dernière la probabilité d’un marché hésitant pendant plusieurs semaines, avant de choisir un biais directionnel plus marqué. C’est le scénario qui se matérialise depuis quelques séances, avec une volatilité (Vix à 34) largement au-dessus de sa moyenne historique (20). Ce n’est pas tant la crainte d’une seconde vague d’épidémie qui inquiète les investisseurs, mais plutôt l’impact psychologique des consommateurs face à un virus qui, bien que globalement maîtrisé au sein des pays développés (notamment en Europe), demeure néanmoins actif. Après cette première phase de reprise économique vigoureuse, il faudra la confirmer au second semestre avec une poursuite du rebond de la production et de la consommation.

En effet, les opérateurs de marché sont relativement conscients de la valorisation élevée du marché. Il est indispensable que les profits des entreprises rebondissent significativement l’année prochaine, aidés en cela par une amélioration généralisée de l’économie mondiale.

En parallèle, le risque d’une rechute sensible des marchés semble cependant écarté dans l’immédiat (sauf retour de la pandémie) tant les liquidités sont abondantes. Les soutiens budgétaires destinés au redressement de l’activité, et les apports des banques centrales pour fluidifier les marchés du crédit sont des vrais « filets de protection » pour les actifs à risque. Les taux d’intérêt historiquement faibles, voire souvent négatifs pour les créances souveraines au cœur de la zone euro, produisent deux effets positifs pour les marchés actions. Ils entretiennent une valorisation généreuse des indicateurs boursiers (type ratio prix des actions/bénéfice) largement au-dessus des références historiques. Et par ailleurs, comme le montre le graphique ci-dessous, ils laissent peu de place à des stratégies d’investissement alternatives. Tout est résumé dans le fameux acronyme anglo-saxon : TINA (There Is No Alternative).

Évolution des rendements obligataires dans la zone euro (Allemagne & entreprises) et du rendement moyen des actions européennes
Évolution des rendements obligataires dans la zone euro (Allemagne & entreprises) et du rendement moyen des actions européennes (Kepler Cheuvreux – 8 juin 2020)