Panorama économique
Les deux principaux mois d’été n’auront pas permis de modifier les grandes tendances macro-économiques qui se dessinaient déjà depuis le second semestre 2018. Le ralentissement de l’activité sur le plan mondial demeure d’actualité.
L’une des principales causes provient du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. Ce sujet restant « sur la table des négociations » et régulièrement « sous le feu » d’un tweet de D. Trump, de nombreux industriels ont adopté une attitude plus prudente qui pèse sur les échanges internationaux. Sans réelle surprise, les économistes continuent donc à réduire leurs prévisions de croissance des grands pays développés et de la Chine pour 2019, comme le montre le graphique ci-dessous.

Le sentiment s’est même significativement dégradé dans certaines régions géographiques. C’est le cas de l’Allemagne dont la variation du PIB au second trimestre a été négative (-0,1%).
Le pays continue de souffrir du manque de dynamisme de l’économie chinoise et des difficultés de son secteur automobile, surdimensionné outre-Rhin en comparaison de ses principaux voisins. L’Allemagne en récession technique (repli du PIB sur deux trimestres consécutifs), est devenue une hypothèse fort crédible à ce jour. En effet, les derniers indicateurs avancés allemands sont encore décevants. L’IFO, indice représentatif du moral des entrepreneurs rhénans, marque encore le pas en août avec un repli de 1,5 point à 94,3, soit le niveau de novembre 2012. La sous composante « perspectives » de l’IFO, reflétant l’activité allemande à un horizon de six mois, enregistre même son point le plus bas depuis juin 2009. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant de constater une nette détérioration de la production industrielle, dont le repli atteint 4,2% en juillet dernier sur 12 mois glissants. Cette dégradation est bien supérieure à celle constatée depuis 18 mois en France, voire même en Italie (cf. graphique ci-dessous).
En comparable, l’économie française est moins dépendante de la conjoncture internationale, avec des exportations (hors aéronautique) essentiellement concentrées sur des biens de consommation. L’activité de l’hexagone profite également de la bonne tenue de sa demande domestique, tant au niveau de la consommation des ménages que des investissements.

La croissance de l’activité européenne, affaiblie par les perspectives délicates en Allemagne et en Italie, devrait être décevante pour cet exercice.
Cependant, il est prématuré d’en tirer déjà des conclusions pour l’année prochaine. Plusieurs facteurs peuvent en effet modifier dans un sens ou dans l’autre le paysage économique européen. D’un point de vue politique, si la situation italienne semble se stabiliser avec une nouvelle alliance entre le parti Démocrate et celui du M5S de Luigi Di Maio, le contexte au Royaume-Uni reste imprévisible. Un dénouement en version hardbrexit serait dommageable pour l’ensemble des parties. Par ailleurs, si le soutien de la BCE ne fait aucun doute pour maintenir des taux bas afin de faciliter la distribution du crédit, le développement de politiques budgétaires actives a souvent été un sujet tabou en Europe. Mais le sentiment évolue malgré les contraintes d’endettement public. La France et l’Italie ont agi au détriment de l’orthodoxie financière sous la pression d’un mécontentement populaire. Les gouvernements de l’Europe du nord étaient jusqu’à présent opposés à une telle attitude. Cependant, la faible croissance de l’activité pousse les dirigeants politiques à modifier leur mentalité. Ainsi les Pays-Bas devraient mettre en place un plan de relance de 50 Mds € pour financer des infrastructures et des dépenses de recherche et développement. Mais qu’en est-il de l’Allemagne qui vient d’enregistrer un excédent budgétaire de 45,3 Mds € sur le premier semestre ? Si rien n’est encore officiellement annoncé, il semble qu’une réflexion sur ce sujet soit à l’ordre du jour. Un accroissement des dépenses publiques aurait tout son sens dans un pays au bord de la récession économique.
À défaut d’une détérioration supplémentaire des relations entre les États-Unis et l’ensemble de ses partenaires économiques, l’activité européenne pourrait avoir touché un point bas cet été, et montrer des signes de reprise sur la fin de l’année.
L’économie américaine suscite également des interrogations similaires de la part des spécialistes.
La progression du PIB est en effet moins vigoureuse au second trimestre (+2,0%) qu’en début d’année et les enquêtes de confiance réalisées auprès des industriels peuvent apparaitre comme inquiétantes. L’ISM manufacturier vient ainsi de repasser sous la fameuse barre psychologique des 50 points à 49,1, un niveau inégalé depuis janvier 2016. L’industrie américaine souffre du conflit commercial sino-américain, de la baisse des investissements parapétroliers et des déboires de Boeing. Mais, c’est aussi l’inversion de la courbe des taux sur le marché obligataire qui a alimenté les inquiétudes, étant donné qu’une telle situation a toujours été dans le passé le signe précurseur d’une récession économique. Un tel scénario ne semble pourtant pas d’actualité à ce jour, tant que le consommateur américain profite d’un solide marché de l’emploi (taux de chômage stable à 3,7%), d’une augmentation régulière de ses revenus (+3,2% selon les dernières statistiques) et d’une situation patrimoniale satisfaisante par un effet de richesse immobilière et boursière.
Marchés Financiers
Le mois d’août a été à lui tout seul un concentré d’événements auxquels les investisseurs sont confrontés depuis 18 mois.
Cela s’est traduit par de nouvelles annonces de hausses de taxes douanières contre les produits importés de Chine, et par une réplique des chinois laissant dériver leur devise contre dollar et relancer ainsi le risque d’une « guerre des changes ». Des problématiques propres à l’Europe ont également fait l’actualité des salles des marchés. Elles ont concerné entre autres les hésitations durables autour de la gestion du Brexit, dont la probabilité d’une absence d’accord a progressé, ainsi que l’éclatement de la coalition gouvernementale en Italie sous la menace du principal parti populiste réclamant de nouvelles élections. Les troubles sociaux à Hong-Kong et la nouvelle quasi-faillite de l’Argentine n’ont fait que rajouter une dose d’inquiétude. D’un point de vue fondamental, l’hypothèse d’une prochaine récession aux États-Unis s’est amplifiée sous l’effet de l’inversion de la courbe des taux obligataires américains.
Dans cet environnement, les principaux actifs à risque pouvaient « vaciller » à tout moment. La forte hausse des cours de l’or (cf. graphique ci-dessous) a été par ailleurs un excellent révélateur de la montée des incertitudes politiques et économiques.

Et pourtant, à l’exception de quelques séances fragiles (début août et le 15 du même mois), les indices actions ont trouvé l’énergie pour rester sur des niveaux proches des plus hauts de l’année. Deux facteurs ont contribué à la bonne résistance des grands marchés financiers. Le premier se nomme D. Trump qui, régulièrement après de nouvelles menaces contre la Chine, nuance ses déclarations initiales par le biais d’un nouveau tweet. Le second concerne les banques centrales. Celles-ci sont de nouveau mises à contribution afin de soutenir l’économie comme c’est le cas aux États-Unis (cf. la baisse des taux en juillet) ou d’essayer de relancer l’inflation (BCE). Le maintien très probable de politiques monétaires accommodantes tire ainsi l’ensemble des rendements obligataires vers le bas, voire en zone négative pour de très nombreuses créances publiques ou privées. Il en résulte une absence de placements alternatifs aux actions, dont la valorisation et le rendement attirent les investisseurs dès que des opportunités de marché apparaissent.