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Flash marchés. 06 Mai 2020

Point marchés financiers. 06 mai 2020.

Les gouvernements européens continuent de dévoiler leurs stratégies de déconfinement, avec une levée partielle des restrictions de déplacement dès la semaine dernière pour l’Espagne, et depuis lundi pour l’Italie, tandis que la France patiente jusqu’au 11 mai. La gestion du déconfinement reste particulièrement délicate sans avancée médicale décisive. Certes le laboratoire américain Gilead a annoncé mercredi 29 avril que les premiers tests de son traitement contre le Covid-19 étaient concluants, mais les résultats sont encore fragiles.

Dans ce contexte d’incertitude, la situation économique continue de se détériorer. À ce titre, la publication jeudi 30 avril d’une première salve de PIB pour le 1er trimestre a dressé un tableau sombre de la croissance dans le monde, avec une baisse sensible de l’activité qui n’est pourtant qu’un avant-goût de la chute particulièrement forte attendue au 2ème trimestre, au cours duquel des restrictions plus strictes ont été appliquées.

L’ampleur du creux de l’activité sera plus grande dans les pays les plus fragilisés par la crise sanitaire, à l’image de la France, ou encore de l’Italie dont la note souveraine a été dégradée par une agence de notation la semaine dernière. Pour s’en sortir, Rome compte sur l’appui durable de la Banque Centrale Européenne, ce que Christine Lagarde, sa présidente, a réitéré lors d’une réunion jeudi 30 avril. L’institution a aussi cherché à détendre les conditions financières sur le marché interbancaire afin d’assurer la transmission de sa politique monétaire. Le principal outil pour la Banque Centrale Européenne (BCE) reste les injections massives de liquidités, et notamment les programmes d’achat d’actifs. À ce titre, le 5 mai, la Cour constitutionnelle allemande a jugé non conforme le programme d’achats de dettes publiques de la BCE (PSPP) en place depuis 2015. La banque centrale a maintenant trois mois pour se défendre, et démontrer que cet outil était adapté à la situation et conforme à son mandat. Cette décision, inattendue, a provoqué une remontée des taux d’intérêt, et surtout de nouvelles tensions sur les spreads entre les obligations italiennes et allemandes.

De son côté, la banque centrale américaine, déjà « pied au plancher » en terme de soutien monétaire, a également délivré un message de prudence lors de sa réunion du 29 avril, indiquant qu’elle se tenait prête à renforcer ses outils en cas de détérioration additionnelle de l’économie. Les dernières données économiques de l’emploi (destruction massive de plus de 20 millions d’emplois en avril selon l’institut ADP) et d’activité (chute historique du niveau de production et de nouvelles commandes dans les services et l’industrie, avec un indice ISM non manufacturier ressorti à seulement 41,8) confirme que le pays n’échappera pas à un effondrement de l’activité, mais qui devrait être plus limité qu’en Europe cependant.

Après une période terriblement agitée en mars, un calme relatif semble s’installer sur les marchés financiers depuis début avril. Même si quelques séances sont encore heurtées (celle du 4 mai par exemple, avec un repli de 4,24% du CAC 40 sur l’hypothèse de nouvelles tensions internationales entre les États-Unis et la Chine), l’indice de volatilité VIX se détend progressivement. Il revient vers les 30 points, après avoir dépassé les 80 points au plus fort de la crise. Le retour « à meilleure fortune » des marchés financiers est particulièrement visible aux États-Unis. Alors même que l’épidémie du Coronavirus continue à sévir, le S&P 500 a enregistré en avril sa plus forte progression (+12,7%) depuis 30 ans. À la fin du mois dernier, son repli depuis le début de l’année était inférieur à 10%. Mieux encore, l’indice Nasdaq est presque revenu positif par rapport aux cours du 31 12 2019. Les valeurs technologiques apparaissent comme les grandes gagnantes de cette période. Constat différent en Europe, où les marchés financiers font du surplace après le rebond sur la seconde quinzaine du mois de mars. Depuis début avril, les indices européens se sont installés dans un « couloir » horizontal dont les bornes sont bien identifiées : 4 600 points et 2 950 points sur le haut pour les indices CAC 40 et Eurostoxx50, 4 300 et 2 800 sur le bas pour ces mêmes indices (Cf. graphique ci-dessous). Par conséquent, les replis des marchés européens demeurent conséquents sur les 5 premiers mois de l’année (entre -20 et -25% en moyenne), et sont le reflet de l’anxiété des investisseurs. Ces derniers ont des doutes sur la capacité des européens à relever les défis gigantesques des prochains mois : relance économique, gestion des déficits publics et des endettements de certains états (Italie) face à l’absence de mutualisation de la dette.

Évolution de l’indice CAC depuis le 1er janvier 2020
Évolution de l’indice CAC depuis le 1er janvier 2020 (Source Factset du 6 mai 2020).