Point marchés financiers. 14 mai 2020.
Dans la lignée des autres pays européens, le gouvernement français a entamé son déconfinement ce lundi 11 mai. Comme dans les autres pays, l’allègement des restrictions se veut néanmoins progressif et différencié entre les régions. Le combat contre le virus est cependant loin d’être terminé. En particulier, les regains de nouveaux cas en Allemagne, mais aussi et surtout en Chine et en Corée du Sud, ravivent le risque d’une deuxième vague, ce qui incite les États à une précaution renforcée, d’autant que plusieurs institutions ont souligné qu’il faudra attendre longtemps avant qu’une solution médicale permette d’améliorer significativement la tendance.
Face aux difficultés économiques, la Banque Centrale Européenne continue d’acheter massivement des actifs avec encore plus de 45 milliards d’euros d’achats la semaine dernière via notamment son programme PEPP dédié spécifiquement pour faire face à l’épidémie. Ceci permet aux gouvernements de financer les déficits liés aux mesures de soutien, et contribue à maintenir les principaux taux souverains européens à des niveaux bas. Néanmoins, si les plans de relance budgétaires restent toujours nationaux, le sujet d’une relance d’envergure européenne reste toujours au centre des débats. Angela Merkel, a d’ailleurs à ce titre appelé cette semaine à une plus grande solidarité européenne. L’écart entre les taux souverains italiens et allemands reste cependant important, preuve que des nombreuses tensions demeurent entre les pays membres de l’Union européenne.
Ce climat d’incertitude et de prudence est aussi visible aux États-Unis. Ce mercredi 13 mai, le directeur de la FED, Jerome Powell a notamment prévenu que la récession pourrait être plus longue que prévu, pesant sur le prix des actifs tels que les marchés d’actions. L’activité économique américaine continue effectivement d’être frappée de plein fouet par l’épidémie comme en témoigne le taux de chômage de 14,7% (et qui pourrait même atteindre 20% selon certains officiels américains) publié ce vendredi 8 mai. Le gouverneur de la banque centrale américaine se tient donc prêt à intervenir davantage si nécessaire, via notamment des rachats d’actifs, en écartant néanmoins l’usage de taux directeurs négatifs. Il appelle également la Maison Blanche à renforcer son soutien budgétaire, déjà très important. Ces annonces ont finalement pesé sur les taux souverains américains, qui restent sous pression à des niveaux très bas.
Sur les marchés, depuis la fin avril, les investisseurs ont repris leur souffle, et les places financières ont ainsi retrouvé un semblant de calme. Celui-ci s’est matérialisé par une baisse progressive des volumes de transactions et par un repli significatif de l’indice VIX. Ce dernier est le reflet de l’inquiétude des opérateurs de marchés, qui se traduit par une forte volatilité des marchés, avec souvent des séances baissières de grande ampleur. Cet indicateur était remonté au plus fort des incertitudes de la crise sanitaire sur des niveaux (85 le 18 mars) vus qu’à de rares occasions, comme lors du second semestre 2008. Puis de fin avril à début mai, le VIX s’est détendu en revenant même sous la barre des 30 points en début de semaine.
Mais depuis trois jours, la nervosité des investisseurs est revenue sur le devant de la scène, générant de nouveau une progression de l’indice de volatilité (Cf. graphique ci-dessous). En effet le scénario d’une reprise rapide de l’activité dès la mise en place des mesures de déconfinement dans de nombreux pays en mai pourrait ne pas se concrétiser dans l’immédiat. La crise sanitaire est loin d’être totalement éradiquée, comme le montrent la reprise de foyers épidémiques dans plusieurs pays. L’OMS évoque même l’idée d’un virus devenu endémique, c’est-à-dire permanent à l’image de la grippe qui refait son apparition chaque hiver. Dans ces conditions, les ménages pourraient rester prudents plus longtemps, malgré l’ouverture progressive des commerces et autres services.
Face à ces incertitudes et au manque de visibilité sur le plan économique, les marchés actions, dont certains avaient retrouvé le niveau de début d’année (indice Nasdaq composite), devraient faire l’objet d’une nouvelle consolidation. L’ampleur de cette dernière est particulièrement difficile à estimer. Il semble néanmoins peu probable de retrouver les points bas du 16 mars dernier (sauf « nouvelle vague » du Covid-19), dans la mesure où les décisions prises par les banques centrales et les gouvernements pour soutenir des pans entiers de l’économie sont d’une ampleur jamais égalée. Mais un retour du CAC 40 et de l’Euro Stoxx 50 respectivement vers 4 000 points et 2 650 points est une hypothèse à envisager dans les prochaines semaines.
