Panorama économique
Nous évoquions le mois précédent le sensible rebond de l’activité économique qui a suivi la période de confinement, total ou partiel, instauré par plusieurs gouvernements au printemps dernier. Comme cela était espéré, la reprise de l’activité a été vigoureuse, soutenue notamment par une consommation dynamique de la part des ménages. Les enquêtes de confiance réalisées auprès des entreprises ou des consommateurs avaient effectivement montré des signes rassurants avant la publication des chiffres officiels sur la croissance.
L’analyse récente du FMI confirme ce scénario. Les chiffres de récession de l’économie mondiale, tels qu’ils étaient évalués en juin dernier, sont atténués grâce à une activité qui a repris de la vigueur plus rapidement qu’escompté au sein des pays développés. Selon les experts du FMI, le PIB mondial devrait décroître de -4,4% en 2020, soit légèrement moins que les -4,9% anticipés en juin dernier. Cette modeste « amélioration » est principalement le fait des pays développés qui enregistreront une récession proche de -5,8% sur cet exercice (contre -8% estimés en juin).
Un rebond significatif est attendu en 2021 dans toutes les zones géographiques comme le montrent les projections ci-dessous.

Toutefois, les anticipations des économistes demeurent encore particulièrement incertaines à ce jour, que ce soit à court terme ou à moyen terme. Le premier degré d’interrogation concerne toujours la trajectoire de la pandémie à travers le monde.
Il était espéré pendant l’été un contrôle du virus qui devait permettre de patienter jusqu’à l’arrivée officielle d’un ou plusieurs vaccins efficaces contre la maladie. Or, l’évolution de la situation actuelle met en exergue un risque non négligeable de « seconde vague » du virus aux portes de nombreux pays, en commençant par l’Europe. L’envolée des cas de contamination, mettant sous pression toute la logistique des hôpitaux, oblige les autorités gouvernementales à prendre des mesures de restriction de la vie sociale. Au-delà de l’aspect psychologique et d’une perte de confiance qui peut affecter tous les citoyens, ce sont également des secteurs entiers de l’économie qui doivent faire face à de grandes difficultés qui vont peser sur la croissance des prochains mois. Tous les métiers dont le respect de la distanciation sociale est délicate à mettre en place (tourisme, événementiel, culture, restauration, hôtellerie, services à la personne et par voie de conséquence l’ensemble des entreprises liées à l’aéronautique) ont globalement peu rebondi depuis le point bas de la crise, et resteront lourdement affectés par le contexte actuel. Dans ces conditions, il se peut que la vigueur de la reprise économique, telle qu’elle se présentait au troisième trimestre, montre des signes de faiblesse sur la fin d’année. Ces derniers mois de l’exercice sont en effet essentiels à la bonne marche des affaires, car ils englobent des périodes de festivités (Thanksgiving aux États-Unis, fêtes de Noël) susceptibles de générer des déplacements importants de population, et surtout des dépenses significatives de la part des consommateurs des pays développés.
Pour autant, même si le rebond de l’activité marque le pas dans la plupart des pays occidentaux, il n’est pas envisagé à ce stade des informations une rechute de la croissance. Plusieurs facteurs justifient de conserver un relatif optimisme quant à la reprise graduelle de la production.
Contrairement à ce qui a été mis en place au printemps dernier, un reconfinement global semble exclu à ce jour compte tenu du coût économique et d’une meilleure gestion de la pandémie (mise à disposition de masques par exemple). Les responsables politiques essayent en premier lieu de trouver le bon compromis entre la maîtrise de l’évolution de la Covid-19 et la poursuite de la vie des affaires le plus normalement possible. En parallèle, les États dépensent sans compter afin d’aider les secteurs les plus touchés et les personnes fragiles. Les plans de relance de l’activité se multiplient pour répondre à l’urgence de la situation et face aux nombreux investissements indispensables pour parer aux différents défis de la planète (environnementaux, digitaux, sociaux). Les notions d’austérité ou d’équilibre budgétaire passent au second plan et ce, quel que soit la situation financière des États. Un comportement qui est accepté aujourd’hui par la plupart des investisseurs (ces derniers finançant la dette), dans la mesure où les Banques centrales sont particulièrement actives pour acheter des montants importants de créances publiques. Cet équilibre, difficile à trouver, entre le contrôle de la pandémie, la poursuite de l’activité et le financement raisonnable de cette dernière devrait perdurer tant qu’un vaccin efficace ne sera pas distribué à grand échelle sur l’ensemble de la planète.
Si les spécialistes du FMI anticipent une récession économique pour tous les grands pays, il y a malgré tout une exception : la Chine. Ce pays, à l’origine de ce virus, a néanmoins réussi à juguler rapidement la pandémie, et à remettre l’économie en route en passant parfois par des mesures radicales (confinement imposé pour des villes de plusieurs millions d’habitants, dépistages massifs et obligatoires...). Les derniers indicateurs avancés, tels qu’ils sont publiés par Markit (cf. graphique ci-dessous) montrent un retour de l’activité à des niveaux équivalents à ceux de la période avant crise, aussi bien dans le secteur manufacturier que dans le secteur des services. L’analyse du comportement des ménages chinois lors de la récente « Golden Week » (semaine de vacances liée à la commémoration de la création de la République Populaire de Chine) montre que ces derniers ont repris une vie normale. Cela devrait se voir dans les données macroéconomiques, avec une progression anticipée du PIB en 2020 de +1,9%. Un chiffre, certes, très en dessous de la moyenne historique, mais néanmoins positif ! Grâce au soutien de sa demande domestique et aux bons chiffres de sa balance commerciale, la croissance chinoise devrait largement poursuivre son rebond l’année prochaine (+8,2% selon les projections du FMI).

Marchés Financiers
Fait rarissime depuis son point bas de l’année en mars dernier, les grandes valeurs technologiques américaines, composantes majoritaires de l’indice Nasdaq composite, ont connu leur première véritable consolidation début septembre en cédant 13%. Mais ce repli a été de courte durée, et la « vie normale » de cette partie de la cote outre-Atlantique a vite retrouvé de la vigueur. Ni l’absence d’un plan de soutien économique voté par le Congrès, ni les incertitudes liées aux prochaines élections présidentielles, ni l’annonce officielle d’un Donald Trump contaminé par le virus n’auront perturbé la bonne santé des GAFAM et consœurs. Ces dernières se sont rapprochées à une encablure de leurs records historiques. L’indice plus large S&P 500 a bien sûr suivi le même parcours, confirmant ainsi la surperformance des valeurs américaines dans un monde rempli d’incertitudes tant économiques, politiques que sanitaires.
À l’inverse, ces mêmes inquiétudes continuent de pénaliser les autres grands marchés, dont les indices sont beaucoup moins riches en valeurs technologiques. C’est le cas des marchés européens qui continuent leur parcours sans relief depuis le 8 juin dernier.
À l’image de l’Euro Stoxx® 50, les valeurs du vieux continent piétinent de nouveau depuis un mois. On aurait pu croire que l’accès de faiblesse du mois de septembre allait se transformer en véritable consolidation. L’indice est allé tutoyer un support technique significatif situé vers 3 150 points, mais ce dernier n’a pas été franchi, et les valeurs européennes sont reparties à la hausse. Il semblerait que le retour du nombre de contaminations en Europe, avec en parallèle les menaces d’une nouvelle réduction des libertés individuelles (fermeture des bars, couvre-feux instaurés dans plusieurs pays, reconfinements partiels) puissent impacter la reprise économique. Par ailleurs, le fameux plan de relance européen de 750 Mds €, présenté le 21 juillet et qui pose les premières bases d’une mutualisation de la dette, semble prendre du retard dans sa mise à exécution.
Dans le reste du monde, les bons fondamentaux de l’économie chinoise se reflètent dans les performances des actions de l’Asie émergente. Un phénomène qui n’a rien d’illogique dans la mesure où la cote chinoise représente une part significative de ces indices régionaux.
Les marchés obligataires n’offrent pas de commentaires particuliers. La courbe des taux n’est plus dépendante des fondamentaux classiques, car les rendements obligataires sont administrés par les politiques monétaires des Banques centrales. Une situation qui est appelée à se perpétuer dans le temps...