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Flash marchés. 04 Juin 2020

Point marchés financiers. 04 juin 2020.

Poursuite du déconfinement, mesures des États en soutien à l’économie, projet de plan de relance de la commissions européenne... autant de facteurs positifs pour les marchés financiers malgré les lourdes conséquences économiques du confinement. Le déconfinement continue d’avancer, et les gouvernements constatent que le nombre de nouveaux cas reste sous contrôle. Cela a permis aux autorités françaises d’annoncer que l’essentiel de l’économie pourrait rouvrir à partir de début juin, avec des restrictions centrées sur l’Ile de France et le secteur du tourisme et loisirs. De son côté, l’Espagne chercherait à avancer l’ouverture de ses frontières aux étrangers au 22 juin, tandis que l’Allemagne a annoncé une levée des restrictions des déplacements intra-européens dès le 15 juin. Ces décisions permettent d’anticiper une accélération de la reprise économique en zone euro, à l’image de la dynamique en cours en Chine, où l’indice d’activité dans le secteur des services a atteint un plus haut de 10 ans au mois de mai, en ressortant à 55.

Les États continuent d’annoncer des mesures visant à soutenir les acteurs économiques. Pour la filière automobile par exemple, un plan spécifique a été dévoilé par le Président français, E. Macron, en milieu de semaine dernière. L’Allemagne n’est pas en reste avec la finalisation, le 3 juin, d’un plan additionnel de 130 milliards d’euros. L’optimisme des investisseurs est alimenté par ailleurs par les anticipations quant à une validation du plan de relance de la Commission européenne par les États membres, malgré les réticences des pays dits « frugaux ». Pour rappel, cette proposition présentée le 27 mai évoque un plan de 750 milliards d’euros, à 2/3 sous forme de dons, et à 1/3 sous forme de prêts à taux bas, en faveur des régions européennes, et de secteurs d’activité les plus touchés par la crise liée au Covid-19. Pour financer ces dépenses, la Commission devrait émettre une dette sur les marchés financiers, laquelle sera éligible aux achats d’actifs de la BCE. Cette dernière devrait d’ailleurs confirmer lors de sa réunion de ce jeudi sa volonté de rester durablement en soutien à l’économie, via une augmentation de son enveloppe d’achats notamment.

Ces nouvelles favorables ont porté l’euro (1,1290 contre dollar), mais aussi le baril de pétrole qui est désormais proche de 40 $/b. Ces tendances ont par ailleurs été amplifiées par la réduction des craintes quant à une nouvelle guerre commerciale sino-américaine. Le Président américain D. Trump a d’ailleurs pris la parole à ce sujet vendredi dernier. Le fait qu’il se soit bien gardé de réellement sanctionner la Chine pour ses décisions visant à contrôler de manière plus étroite le territoire de Hong Kong a contribué à détendre la situation.

Le mois de mai n’a pas effrayé les investisseurs. Bien au contraire. Malgré les craintes d’une rechute de la crise sanitaire, et des lourdes conséquences sur l’économie après plusieurs semaines de confinement total ou partiel, les marchés financiers ont préféré regarder les éléments positifs.

Certes, la récession économique sera d’une ampleur considérable sur le premier semestre 2020. Mais les annonces des banques centrales et des gouvernements sont également à la mesure de l’événement. La dernière proposition de 750 milliards € de la Commission européenne pour relancer l’économie, qui vient se rajouter à toutes mesures nationales, est l’illustration de tous les efforts considérables pour sortir le plus rapidement de la crise.

Le message a été retenu par les investisseurs. Cela a permis aux marchés financiers de stopper leur chute incontrôlable à partir de la mi-mars. Après une reprise initiale de ces derniers, suivie par une période de « flottement » des indices européens, les principales bourses sont reparties de l’avant. Une fois n’est pas coutume, les bourses européennes ne sont pas en reste. L’indice Euro stoxx 50 progresse ainsi de 20% depuis le point bas du 14 mai pour venir tutoyer les 3 270 points. Reflets d’une amélioration de l’image du vieux continent, l’euro s’est apprécié contre le dollar, et l’écart de rendement (spread) entre l’emprunt souverain italien et son équivalent allemand est tombé à 174 points de base contre 270 points en avril dernier.

Concernant le marché des actifs à risque, les secteurs les plus défensifs comme la pharmacie et les grandes valeurs technologiques ont accentué pendant la crise leur surperformance par rapport aux secteurs les plus liés aux cycles économiques (cf. graphique ci-dessous). L’indice Nasdaq composite en est le meilleur exemple avec une hausse depuis le début de l’année de 8%, alors que la plupart des indices européens affichent sur la même période des replis entre 12 et 15% en moyenne. Une baisse qui s’est néanmoins sensiblement réduite depuis trois semaines grâce au bon comportement relatif des valeurs industrielles. Celles-ci confirment le retour de confiance des investisseurs dans le scénario d’une reprise puissante de l’économie au second semestre.

Performance relative des valeurs « de croissance » / valeurs « cycliques » au niveau mondial et évolution du rendement de l’emprunt d’État américain à 10 ans.
Performance relative des valeurs « de croissance » / valeurs « cycliques » au niveau mondial et évolution du rendement de l’emprunt d’État américain à 10 ans. (1er juin 2020).