Point marchés financiers. 20 mars 2020.
La diffusion du coronavirus perturbe fortement les populations. Pour l’enrayer d’ici quelques semaines, les gouvernements prennent partout sur la planète des mesures drastiques qui vont pénaliser fortement les économies.
Pour éviter une chute trop forte, ils accompagnent ces décisions sanitaires de mesures de soutien aux particuliers et aux entreprises. Les banques centrales accompagnent la démarche en prenant de nombreuses mesures exceptionnelles. La BCE, en particulier, a surpris le 18 mars en décidant d’augmenter massivement ses achats de dettes (hausse de 750 milliards d’euros de l’enveloppe) dans le but d’aider les États et les entreprises à se financer, y compris en se portant acquéreurs de leurs émissions de dettes à court terme, pour améliorer la liquidité de ce marché qui commençait à se gripper.
À ce stade, ceci ne suffit pas encore à ramener la confiance car il est impossible d’évaluer à quel point l’économie sera touchée, même si les mesures de confinement prises en Chine par exemple ont porté leurs fruits après plusieurs semaines, ce qui devrait aussi être le cas dans le reste du monde, avec retard.
Néanmoins, l’intervention de la BCE montre bien la volonté des autorités monétaires de préserver l’unité de la zone euro, comme cela avait été fait par Mario Draghi en juillet 2012 (le célèbre « whatever it takes »). Alors, que les opérateurs commençaient à douter de la solidité financière de l’État italien, la nouvelle présidente de la BCE impose son « engagement sans limite en faveur de l’euro ».
Comme le montre le graphique ci-dessous, le rendement 10 ans de l’emprunt souverain italien s’est détendu rapidement, passant de +3% à +1,6%. La banque centrale européenne fera le nécessaire afin d’éviter toute tension significative sur les dettes souveraines, à un moment où tous les gouvernements dépensent sans compter.
Le signal est clair et rassurant pour les opérateurs de marchés.

Après la chute des marchés depuis trois semaines, il semble que ces derniers ont atteint un palier d’observation. Ce dernier se situe sur les niveaux de 3 600 points pour l’indice CAC 40 (cf. graphique ci-dessous) et 2 300 points pour l’Euro stoxx50. Les opérateurs regardent attentivement l’évolution de la pandémie. Si les dernières informations de la Chine sont rassurantes, avec une reprise progressive de l’activité, la situation demeure encore préoccupante en Europe et très incertaine aux États-Unis. Par ailleurs, le coût économique est difficilement quantifiable à ce jour, même si les économistes sont d’accords pour valider une récession dans de nombreux pays. Cependant, après une baisse généralisée et sans discernement de toutes les valeurs, les investisseurs commencent à opérer un début de sélectivité. C’est ainsi que certains secteurs (les télécoms notamment) se stabilisent, voire remontent contre la tendance générale. Ce stade est important pour redonner confiance aux marchés financiers. Il est fort probable que les prochaines semaines seront décisives pour s’assurer que l’ajustement réalisé par les indices (repli de 30 à 40% sur les points hauts de l’année) soit suffisant pour intégrer cette crise sanitaire et ses conséquences économiques. Ce qui se passera aux États-Unis dans les prochains jours sera l’élément essentiel de référence pour tous les investisseurs.
Nous conseillons de rester investis sur les actifs à risque dans une vision de long terme, tout en profitant d’opportunités dans le respect du profil de risque de l’investisseur.
Sur les marchés obligataires, les interventions des banques centrales vont dans le bon sens. Néanmoins, la prudence domine sur le segment du haut rendement, face aux craintes de défaillance de certaines entreprises et au retour d’une faible liquidité pour cette typologie d’obligations. En revanche, nous surveillons de près le marché obligataire « Investment Grade », dont les tensions récentes peuvent générer à nouveau des rendements intéressants, dans un contexte où la BCE reste un acteur structurellement acheteur.
