Point marchés financiers. 26 juin 2020.
La situation sanitaire mondiale est encore loin d’être sous contrôle. Dans plusieurs États américains, ainsi que dans plusieurs pays émergents, le nombre de nouveaux cas continue d’augmenter fortement. La prudence est d’autant plus de mise que de nombreux pays, dont les États-Unis, favorisent l’intérêt économique et restent réfractaires à imposer des confinements plus stricts. L’Europe n’est pas non plus épargnée, avec par exemple l’apparition d’un important foyer de contamination dans un abattoir allemand, qui a entraîné un reconfinement local de la population.
Ce regain du risque sanitaire vient contrebalancer les premiers effets économiques rassurants du déconfinement, dont notamment le rebond de la consommation des ménages, ainsi que la publication des indicateurs PMI provisoires pour le mois de juin en zone Euro. Le rebond durable de l’économie nécessitera néanmoins un soutien budgétaire considérable, et donc un compromis entre les membres de l’Union européenne, alors que les discussions du Conseil européen des 18 et 19 juin ont surtout révélé les points d’achoppement importants entre ces derniers pour définir les modalités de l’aide qui sera apportée aux régions et secteurs les plus touchés. Notons que le président français Emmanuel Macron a rendu visite au Premier Ministre néerlandais, chef de file des pays « frugaux » ce mercredi 24 juin, afin de défendre son plan de relance, ce qui a ravivé les espoirs des investisseurs sur le fait qu’un accord serait trouvé prochainement. Les tensions restent néanmoins perceptibles sur le marché obligataire, alors que le spread entre les taux souverains allemands et italiens à 10 ans s’est à nouveau écarté.
Aux États-Unis, Donald Trump continue de descendre dans les sondages face à Joe Biden en vue de la prochaine élection présidentielle. En parallèle, les tensions s’accentuent entre les États-Unis et le reste du monde, le président américain maintenant un ton agressif envers la Chine, mais aussi envers l’Europe, en refusant de poursuivre les discussions concernant la taxation des entreprises technologiques (GAFAM) pour qu’elles paient un montant d’impôt plus significatif là où elles exercent leurs activités. Notons également que le gouvernement américain menace de taxer 3,1 milliards d’euros d’importations en provenance d’Europe dans le cadre du consensus entre Airbus et Boeing, preuve de la volonté de Donald Trump à utiliser l’arme protectionniste pour défendre la production nationale à l’approche des élections.
La dernière phase de reprise des marchés financiers, qui s’était notamment traduite par une progression de 25% de l’indice Euro Stoxx 50 entre la mi-mai et le 8 juin, a été le reflet d’un retour de confiance les investisseurs. Ces derniers ont salué à leur manière les anticipations de reprise économique en partie liée à une réouverture progressive des économies.
Cela étant, les incertitudes économiques, politiques (élections présidentielles américaines du 3 novembre 2020), voire géopolitiques (relations commerciales entre les États-Unis et la Chine ou l’Europe), ainsi que le risque de résurgence du risque sanitaire sont toujours d’actualité pour le second semestre.
C’est ce dernier point qui inquiète de nouveau les opérateurs de marché. L’indice VIX qui mesure le degré d’anxiété des investisseurs n’a d’ailleurs jamais retrouvé son degré de normalité (proche de 20), y compris quand le marché américain s’est rapproché récemment de ses points hauts historiques. À court terme, comme le montre le graphique ci-dessous, cet indicateur est même reparti à la hausse. Il en est de même pour le cours de l’once d’or qui a regagné, à 1 780 $, son niveau le plus élevé depuis 8 ans. Sans pour autant craindre une situation de confinement comparable à celle vécue récemment, la poursuite de la pandémie dans certaines zones géographiques et l’apparition de quelques foyers infectieux dans plusieurs pays pourraient limiter ou retarder le rebond attendu de l’activité. En parallèle, il semble également logique d’être prudent à l’approche des publications semestrielles des entreprises qui pourraient réserver quelques surprises dans les chiffres publiés ou au niveau des perspectives.
La consolidation actuelle des marchés financiers n’est donc en soi pas surprenante, et pourrait se prolonger dans l’attente d’une meilleure visibilité sur la maîtrise de la pandémie, et sur la capacité de l’économie mondiale à mettre rapidement fin à sa plus grave récession depuis 70 ans.
