Point marchés financiers. 23 avril 2020.
Le monde avance vers un déconfinement qui ne pourra se mettre en œuvre qu’avec toutes les précautions nécessaires, et qui conduit le FMI à anticiper, à ce jour, une chute de la croissance de -4,2% en 2020 au niveau mondial, et un rebond de +5,4% en 2021). La faiblesse des indicateurs PMI d’avril pour la zone euro a d’ailleurs confirmé que l’activité était presque à l’arrêt en avril, et les perspectives à court terme moroses.
Les stratégies qui seront mises en place visent à empêcher une seconde vague de l’épidémie. Celle-ci aurait un impact négatif additionnel sur le rythme de reprise de la croissance. Lors du déconfinement, l’aide d’urgence des États devra s’accroître afin d’éviter la chute du pouvoir d’achat et des faillites en cascade. Les discussions, de part et d’autre de l’Atlantique, continuent donc de chercher à renforcer les mesures d’aide au prix d’une hausse de la dépense publique, stratégie qui n’est rendue possible que grâce aux achats massifs de dettes des États par les banques centrales. Celles-ci assurent toujours des conditions de financement favorables, mais au prix d’une rentabilité affaiblie de l’épargne.
Aux États-Unis, les élus démocrates et républicains sont désormais d’accord pour soutenir à la fois les PME, les hôpitaux et les ménages dans le cadre d’un nouveau plan de 500 milliards de dollars environ, mesures qui s’ajouteront aux 2 200 milliards de dollars déjà votés. En zone euro, l’enveloppe de plus de 500 milliards €, validée le 9 avril, ne semble pas suffire comme en atteste le vif regain d’inquiétude quant à la solidité financière des États les plus fragiles, notamment l’Italie. La BCE a suggéré d’abonder le plan de soutien de 1 000 milliards € supplémentaires, ce que les dirigeants européens tenteront de valider ces prochains jours.
Ces mesures de relance sont nécessaires pour espérer qu’un rebond économique très progressif puisse se matérialiser une fois que le déconfinement aura débuté. L’exemple chinois reste parlant. Si la chute de l’activité au 1er trimestre ne constitue pas une surprise (-6,8% en comparaison du er trimestre 2019), les indicateurs économiques de mars, un mois pendant lequel les restrictions ont été progressivement levées en Chine, laissent entrevoir une prochaine reprise notable dans l’industrie, mais un rebond seulement très graduel de la consommation. Cette dernière sera soutenue, ces prochains mois, par la faiblesse du cours du pétrole, qui reste à des niveaux très faibles dans un contexte de craintes élevées quant à la demande mondiale et d’incertitudes sur les baisses de production décidées le 13 avril (entrée en vigueur de l’accord de l’OPEP élargie à partir du 1er mai).
Force est de constater que les marchés font preuve d’une relative résilience depuis un mois. Ils avaient littéralement « craqués » de mi-février à mi-mars (-30 à -40% selon les indices), avant d’entreprendre un rebond technique. Depuis, malgré un niveau de volatilité qui demeure largement au-dessus de la normale, les actions sont parvenues à se stabiliser. En dépit de quelques séances de baisse, celles-ci ne durent jamais bien longtemps, et sont suivies systématiquement par un mouvement de reprise.
Pourtant, les mauvaises nouvelles sont bien présentes :
- effondrement des indicateurs avancés du mois d’avril indiquant une récession sévère,
- fortes turbulences sur les prix du pétrole reflétant une chute de la demande et révisions persistantes vers le bas des prévisions de bénéfices des entreprises pour l’exercice en cours. (cf. graphe ci-dessous).
Sur ce dernier point, la plupart des entreprises qui communiquent sur les résultats du 1er trimestre restent logiquement très prudentes pour la suite des événements. Sans surprise, les prévisions initiales sont abandonnées, et le dividende souvent annulé partiellement ou totalement. Les analystes financiers continuent à réviser en baisse leurs estimations 2020 (cf. graphe ci-dessous).

Les principaux indices résistent donc à ce « flot » d’informations négatives car les opérateurs de marchés semblent plutôt regarder le futur avec bienveillance. Il est vrai que l’évolution de la pandémie montre en Europe et dans d’autres pays des signes d’amélioration. La plupart des gouvernements sont d’ailleurs concentrés aujourd’hui sur la manière dont ils vont procéder pour refaire démarrer l’économie dans les prochaines semaines. Par ailleurs, les plans de soutien des gouvernements pour favoriser la reprise de l’activité se multiplient.
La phase d’observation des marchés financiers devrait durer dans l’attente de la phase de déconfinement qui sera mise en œuvre. Tout retard sur ce sujet, ou risque éventuel de rechute au niveau du risque sanitaire serait alors propice à une nouvelle consolidation des actions. Le mois de mai sera capital...