Point marchés financiers. 26 mars 2020.
Les gouvernements et les banques centrales ont de nouveau multiplié depuis le début de la semaine dernière les annonces dans le but d’apporter un soutien financier extrêmement important aussi bien aux ménages qu’aux entreprises, et leur permettre d’attendre jusqu’à ce que le Covid-19 soit enrayé.
À ce titre, aux États-Unis, les élus au Congrès ont voté un plan de relance massif (2.000 milliards de dollars) visant à passer l’épisode de la crise sanitaire, et compenser partiellement l’arrêt de nombreux pans de l’économie, en particulier dans les services. Ce type de mesures de soutien, déjà largement annoncées en Europe, est d’autant plus nécessaire que les premiers indicateurs d’activité PMI de février pour cette zone, publiés cette semaine, se sont effondrés davantage qu’anticipé.
Plus important encore, de premiers signaux plus positifs concernant l’aspect sanitaire de la diffusion du virus pourraient commencer à poindre en Italie, alors que la situation semble mieux contrôlée depuis plusieurs jours maintenant dans les pays asiatiques, et en particulier en Chine.
Deux étapes importantes restent cependant à valider avant que la confiance ne revienne vraiment : le fait que les mesures de confinement portent bien leurs fruits, et que les pays qui restent en retard dans la mise en place de ces mesures s’y résolvent, en particulier les États-Unis, et les pays émergents (Amérique Latine notamment). Il est notable, à ce sujet, de noter l’écart entre les décisions de confinement de 1,3 milliard d’habitants en Inde, et le refus, pour l’instant, du Brésil, d’appliquer les mesures adoptées par tous les grands pays.
À ce moment-là, il sera possible d’envisager avec davantage de confiance que les confinements des populations soient de moins en moins stricts et que l’économie puisse rebondir, avec à la clé davantage de stabilité sur les marchés financiers.
Pris dans une spirale fortement baissière jusqu’au 16 mars dernier, où la volonté de renforcer la liquidité et la suppression du risque étaient les seuls objectifs recherchés par certains investisseurs, les indices ont depuis retrouvé un début de stabilisation (cf. graphiques ci-dessous).

Deux éléments concourent au rebond des marchés financiers de l’ordre de +20% sur les points bas de mars :
- L’évolution de l’épidémie, en prenant comme référence ce qui s’est passé en Chine. Il semblerait que la maitrise du Covid-19 intervienne après 6 à 7 semaines de confinement général. Cela permet de « dater » une fin de crise courant mai pour les pays européens, autorisant ainsi une reprise progressive de l’activité économique à partir de ce moment.
- Les soutiens économiques et monétaires apparaissent d’une ampleur jamais égalée, même lors de la crise financière de 2008-2009.
En parallèle à cette « respiration » des indices, les opérateurs de marchés commencent à mettre en place des stratégies d’arbitrages. C’est ainsi que les secteurs défensifs comme les télécoms, l’alimentaire et les boissons qui avaient rebondi en premier, font l’objet de quelques prises de bénéfices au profit de secteurs fortement délaissés jusqu’à présent comme le pétrole ou l’automobile.
Sans surprise, les sociétés revoient à la baisse leurs prévisions initiales attendues pour l’exercice 2020. L’heure est à l’urgence : sécuriser le personnel, tenter de maintenir (ou faire repartir notamment en Asie) un minimum d’activité, réduire les coûts et surtout préserver la trésorerie. Sur ce dernier point, des sociétés comme Airbus ou Unibail-Rodamco ont déjà annoncé une réduction, voire une suppression du dividende. Dans ce contexte, les analystes financiers révisent drastiquement leurs estimations de profit des entreprises à la baisse (cf. graphique ci-dessous). Un début de mouvement qui ne fait que commencer, et qui pourrait se traduire in fine par un repli de 20 à 25% des profits pour l’exercice en cours. Les investisseurs devraient néanmoins « faire une croix » sur 2020, et se tourner vers 2021 pour tenter de donner une juste valeur aux entreprises cotées.

C’est probablement ce que feront également les investisseurs lors des prochaines semaines, en suivant de près l’évolution de la crise sanitaire, particulièrement aux États-Unis, afin d’essayer de quantifier le timing et l’ampleur du rebond économique. En attendant, les marchés financiers vont rester volatiles. Avant de reprendre une réelle dynamique haussière, les indices pourraient aller tester à nouveau la solidité des points bas touchés mi-mars.
Dans ce contexte, nous conservons notre recommandation de rester investi sur les actifs à risque tout en profitant d’opportunités d’investissements pour un horizon de long terme et en adéquation avec le profil de risque de l’investisseur.