Panorama économique
Le dernier rapport du FMI fait un constat semblable qui est confirmé par les autres grands organismes de statistiques. Le ralentissement de la croissance économique mondiale est notable depuis le second semestre 2018 et devrait se prolonger sur la première partie de l’exercice en cours. Après avoir progressé de 3,6% l’année dernière, la croissance mondiale devrait fléchir à +3,3% avant de rebondir en 2020 (cf. graphique 1 ci-dessous). Tous les principaux pays sont dans cette même configuration, qu’ils soient développés ou émergents.

Les États-Unis avaient profité en 2018 d’un fort soutien budgétaire avec les décisions de l’administration du président Trump de baisser la fiscalité des entreprises et des ménages américains. La croissance outre-Atlantique s’était vue dopée (+2,9%), mais ralentie progressivement avec la disparition des effets positifs liés à la réforme fiscale. Avec la normalisation de la politique monétaire consistant à relever les taux directeurs et en diminuant la taille du bilan de la banque centrale (la Fed ne rachète plus les obligations qu’elle détient quand celles-ci arrivent à échéance), plusieurs observateurs ont craint la fin de l’expansion économique américaine. Mais il apparaît prématuré à ce jour d’anticiper une telle hypothèse. La plupart des indicateurs liés à l’activité évoluent encore favorablement. On peut citer l’indice ISM manufacturier en progression de 1,1 point à 55,3 en mars, avec notamment une accélération du sous-indice des nouvelles commandes qui est de bon augure pour la suite des événements. Si le secteur des services marque un repli sensible, il se maintient sensiblement au-delà de la barre des 50 (-3,6 points à 56,1), synonyme de bonne tenue des affaires. Le moral des chefs d’entreprises reste donc au beau fixe, et il n’y a aucune raison de penser que cette situation puisse se détériorer rapidement. Victime de la remontée des taux obligataires, le secteur de l’immobilier, qui montrait depuis plusieurs mois quelques signes de lassitude, semble se stabiliser. Cette analyse ressort de la dernière enquête publiée par le NAHB (National Association of Home Builders), dont le niveau de confiance des promoteurs immobiliers demeure stable à 62 en mars, soit largement au-dessus de sa moyenne historique. Les membres de l’association évoquent cependant des freins structurels qui émanent de la difficulté à trouver de la main d’œuvre spécialisée et des terrains disponibles. La seule déception provient des ventes de détail qui marquent le pas. En effet, celles-ci ont enregistré en février une hausse limitée à +0,2%, et la moyenne trimestrielle hors automobile est l’une des plus faibles depuis 4 ans (cf. graphique 2 ci-dessous).

Faut-il s’inquiéter du comportement hésitant du consommateur américain qui demeure la pierre angulaire de la croissance du pays ? Il est probable que les effets négatifs du shutdown (fermeture partielle de l’administration en début d’année) ainsi que les rigueurs de l’hiver ont pénalisé temporairement la consommation. Les ménages devraient continuer à profiter d’un contexte qui leur est favorable. C’est notamment le cas du marché de l’emploi dont les chiffres de mars effacent en partie l’accident de février. Les créations d’emploi se montent à 196 000 avec un taux de chômage toujours aussi faible (3,8%). Par ailleurs, la remontée des cours de bourse et la tenue des prix de l’immobilier permettent aux consommateurs américains de rester optimistes pour l’avenir.
Le PIB des États-Unis devrait donc continuer à croître sur un rythme proche de 2,5% en 2019.
L’Europe continue toujours à montrer des signes de faiblesse sur le plan de l’activité. Les derniers indices PMI en témoignent. L’indicateur PMI manufacturier de la zone euro cède encore 1,8 point à 47,5 en mars dernier, son niveau le plus faible depuis avril 2013. La situation est particulièrement compliquée en Allemagne dont l’indicateur rejoint le niveau d’août 2012 en passant de 47,7 à 44,1. Heureusement, comme dans tous les grands pays développés, le secteur des services se montre résilient. Il parvient à demeurer au-dessus de la barre des 50 en zone euro à 53,3. Il faut noter également d’autres points rassurants qui permettent d’espérer un rebond du rythme des affaires en Europe dans les prochains mois. En effet, certains indicateurs locaux affichent déjà une évolution plus favorable. Outre-Rhin, l’indice général IFO qui reflète le moral du monde de l’industrie progresse pour la première fois en mars après six mois de glissement. En France, moins dépendante des exportations à la différence de l’Allemagne, l’indice général du climat des affaires publié par l’INSEE progresse d’un point en mars à 104, chiffre plus élevé de quatre points sur sa moyenne historique. Cela avait déjà été relevé le mois précédent, la confiance des consommateurs français est repartie à la hausse depuis janvier, et retrouve en mars son meilleur niveau depuis août dernier. L’amélioration du marché de l’emploi, conjuguée à une hausse du pouvoir d’achat devrait faciliter la reprise de la consommation lors des prochains mois.
La croissance de la zone euro pourrait afficher une progression modérée en 2019 de l’ordre de +1,1%, mais structurée en deux mouvements : faiblesse sur la première partie de l’année, suivie d’une reprise progressive au second semestre qui se prolongera en 2020. Un tel scénario fait cependant l’impasse sur tout risque de rupture au niveau géopolitique. Il n’est donc pas envisagé de hard Brexit, ni de nouvelles tensions sur le plan commercial de la part des américains contre les chinois ou les européens.
Marchés financiers
Le « petit coup » de faiblesse des marchés financiers à partir du 19 mars dernier aura été de courte durée et son ampleur limitée. L’Eurostoxx 50 est ainsi passé de 3 422 à 3 282 pts en l’espace de 4 séances, soit un repli de 4%. Configuration identique sur l’indice S&P 500 avec un modeste repli de 3%.
Mais l’optimisme est revenu rapidement dans les salles de marchés avec 3 facteurs de hausse à court terme :
- Les négociations commerciales entre américains et chinois semblent se dérouler dans de bonnes conditions. D. Trump laisse régulièrement filtrer qu’un accord pourrait être signé dans les prochaines semaines. Cela devrait mettre fin aux pressions sur le commerce international et relancer la dynamique économique mondiale.
- Les différents messages récents des banques centrales indiquent une volonté des autorités de maintenir une attitude accommodante. Il n’y aura pas de resserrement de la politique monétaire dans les prochains mois, ce qui limite toute réappréciation des taux long terme.
- Enfin, bien qu’aucune solution ne puisse intervenir rapidement, une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union européenne semble exclue. Le risque d’une rupture économique violente est donc écarté... pour l’instant.
Comme on peut le constater dans le graphique ci-dessous, les investisseurs font fi des déceptions actuelles liées aux données macro-économiques. Il faudra tôt ou tard un réajustement entre ces deux courbes : soit on constate une inflexion plus positive de la croissance mondiale, soit les marchés se sont « trompés » et réajusteront les cours à ce moment.

En attendant le moment de vérité, les investisseurs pourraient se consacrer dans les prochaines semaines aux publications des résultats trimestriels des entreprises.
Sur ce sujet, les analystes financiers continuent de réviser à la baisse leurs estimations pour l’exercice 2019. Depuis le début d’année, les chiffres sont revus vers le bas en moyenne de 3% en Europe, de 4% aux États-Unis et de 6% au japon. Toutefois, sur le dernier mois, ces prévisions sont peu modifiées. Sur l’ensemble de l’année, la hausse des bénéfices des entreprises se situe entre +4% (S&P 500) et +8% (stoxx600) selon le consensus.