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Flash marchés. 02 Avril 2020

Point marchés financiers. 02 avril 2020.

En dépit du tassement du nombre de nouveaux cas en Italie ces derniers jours, la propagation continue du Covid-19 et la prolongation des mesures de confinement à la moitié de la population mondiale, continuent d’alimenter les inquiétudes. En particulier, la crainte de nouveaux foyers d’épidémie aux États-Unis (où 20% de la population n’est toujours pas strictement sous confinement) et l’insuffisance des mesures prises au Brésil ou en Turquie font craindre que l’activité économique mondiale ne soit encore plus durement pénalisée dans les mois à venir, avec un rebond plus poussif ensuite.

La remontée des principaux indices actions observée la semaine dernière, fruit des mesures massives de soutien budgétaire mises en œuvre dans la plupart des pays, s’essouffle. Le fait que plusieurs pays envisagent des dépenses supplémentaires (comme un plan massif d’investissement de 2 000 MM$ aux États-Unis) ne suffit plus. La focalisation bascule sur la diffusion du Covid-19 et la capacité à l’enrayer. Les signes de rebond du nombre de cas dans certains pays d’Asie qui semblaient avoir enrayé l’épidémie entament la confiance. Les statistiques publiées ces derniers jours (comme par exemple les indices PMI, dont l’indice PMI manufacturier pour la zone euro de mars dont la version finale est ressortie à 44,5, ou les données de l’emploi aux États-Unis, avec 27 000 pertes de postes dans le secteur privé selon l’enquête ADP) n’aident guère à comprendre l’enjeu du creux conjoncturel à venir, car elles couvrent presque toutes la période précédant les confinements des populations.

En parallèle, les mesures prises par les banques centrales pèsent de manière croissante sur les taux des obligations souveraines. Au-delà de l’abaissement additionnel des taux directeurs des banques centrales des pays émergents ces derniers jours (Chine, Inde, Thaïlande), la BCE a indiqué que sa limite de détention de la dette d’un pays (fixée à 33%) n’aurait pas cours pour son programme d’achats spécifiquement mis en place pour lutter contre l’impact économique de la pandémie. De son côté, la banque centrale américaine a elle aussi effectué de nouvelles annonces fortes (dont la suppression de son plafond d’achat d’obligations).

L’enrayement de l’épidémie dans les pays européens ayant rapidement pris des mesures de confinement reste l’enjeu clé pour confirmer une amélioration de la situation sanitaire d’ici quelques semaines et un rebond de l’activité au second semestre, au rythme du retour de la confiance des différents agents économiques.

Les marchés financiers semblent apprendre à vivre avec le contexte actuel de la pandémie et son évolution à travers tous les pays du monde.

Les indices avaient chuté brutalement de 35% à 40% entre le 20 février et le 16 mars face à la diffusion du virus et ses conséquences sur le plan économique liées au confinement de la moitié de la population mondiale.

Sur la seconde partie du mois de mars, les marchés ont rebondi de 15 à 20%, mais affichent néanmoins des replis conséquents sur le premier trimestre (proches de 25% en moyenne). Tous les spécialistes sont repartis « d’une feuille blanche » pour élaborer tant les perspectives économiques que les prévisions de résultats des entreprises. Les investisseurs ont intégré à ce jour une récession sévère dans tous les principaux pays et une forte baisse des profits des entreprises en 2020. Depuis le début de l’année, selon le consensus Facset calculé à partir de l’indice européen Stoxx 600, les estimations de résultats des sociétés sont revues en baisse de 14% (cf. graphique ci-dessous). Un mouvement qui s’est accéléré depuis février dernier, et qui devrait se poursuivre dans les prochaines semaines.

Évolution des prévisions de croissance des bénéfices par action des sociétés européennes
Évolution des prévisions de croissance des bénéfices par action des sociétés européennes.

En effet, les entreprises communiquent à nouveau et tentent de faire une première évaluation de la crise sanitaire. Sans surprise, la grande majorité d’entre-elles abandonnent leurs prévisions initiales, et sont contraintes d’annuler ou de réduire le dividende qui devait être normalement versé au titre de l’exercice 2019. La priorité est donnée à la préservation du bas de bilan, afin d’être capable de se remettre rapidement en ordre de marche le moment venu, malgré la baisse sensible du chiffre d’affaires.

À court terme, les investisseurs mettent en relief deux incertitudes principales. L’une concerne l’évolution de l’épidémie aux États-Unis, dont les répercussions humaines et économiques devraient être significatives. L’autre est relative à la sortie de crise et au potentiel de reprise de l’activité. Sans tomber dans la caricature, plusieurs lettres de l’alphabet sont utilisées afin de décrire la séquence de rebond du PIB mondial : V, U, L ou W. Selon les réponses apportées à ces deux questions, il en découlera un scénario sur l’évolution des marchés financiers lors les prochains mois.

Le mois d’avril devrait probablement nous apporter quelques éléments de réponse. En attendant, un nouveau repli des indices n’est pas à exclure. Il convient donc de rester investi sur les actifs à risque dans une vision de long terme, avec des renforcements progressifs pour accompagner la baisse des indices.