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Flash marchés. 16 Avril 2020

Point marchés financiers. 16 avril 2020.

Le pic de l’épidémie semble sur le point d’être dépassé dans de la plupart des économies développées ouvrant la voie à une feuille de route quant à la sortie du confinement. Si des pays, tels l’Autriche et le Danemark, s’y attellent dès cette semaine, le reste de la planète conserve une approche prudente. Ainsi, en France, Emmanuel Macron a annoncé, le 13 avril un déconfinement progressif à partir du 11 mai. L’Espagne et l’Italie maintiennent des règles strictes au moins jusqu’à la fin du mois alors qu’au sein des pays anglo-saxons (États-Unis et Royaume-Uni), qui avaient tardé à prendre les premières mesures, aucune date n’est avancée mais le ton semble optimiste. L’enjeu portera sur le maintien de contraintes qui continueront de peser sur le quotidien des ménages et entreprises à partir de mai et pénaliseront la capacité de reprise économique. En attendant, le fait que le cours du pétrole peine à se stabiliser, signe de la fragilité des annonces en fin de semaine dernière en termes de coupes de production afin de rétablir l’équilibre de l’offre et la demande sur ce marché, contribuera aussi à soutenir la consommation une fois le déconfinement engagé.

Le coût économique du confinement ne cesse d’augmenter à mesure que l’économie reste à l’arrêt et que les filets de sécurités décidés sont mis en place. À ce titre, la zone euro a fini par valider, le 9 avril, un plan d’aide de 540 milliards € visant à soutenir les entreprises, les ménages et les États. Pour la France, la facture pourrait atteindre 110 milliards € selon Bruno Lemaire, provoquant une explosion du déficit public (-7,6% du PIB) et donc de la dette (112% du PIB vs 99% en 2019). Aux États-Unis, les discussions se prolongent pour un nouveau volet de soutien après les 2.200 milliards de dollars déjà actés (10% du PIB). Si celui-ci est pour l’heure retardé, il devrait intervenir rapidement compte tenu de la durée de la crise et de ses conséquences sur l’emploi.

L’urgence pour les banquiers centraux reste d’éviter une remontée brutale des taux d’intérêt. C’est pourquoi, ils achètent massivement de la dette émise par les États et entreprises afin d’assurer que les taux d’intérêt ne remontent pas brutalement. Cependant, l’État italien inquiète de nouveau quant à ses besoins de financement face à un soutien jugé très limité par les institutions européennes (la ligne de crédit du Mécanisme Européen de Stabilité ne pourra atteindre « que » 2% du PIB). Ceci alimente un début d’amélioration des conditions de financement, même si elles restent encore dégradées, et les entreprises restent confrontées à une réalité économique difficile, comme l’a confirmé la publication des données économiques décevantes cette semaine (une situation qui perdurera au moins jusqu’à l’été) et de résultats d’entreprises inquiétants témoignent de la fragilité de ce regain d’appétit pour le risque.

Dans un mouvement de forte correction, comme on vient de le vivre récemment, il y a systématiquement des rebonds techniques, qui ne signalent pas pour autant que la phase de consolidation des actions est terminée.

C’est la période actuelle que nous connaissons, comme l’indique le graphique ci-dessous, avec l’exemple de l’indice CAC 40. Après une baisse de 40%, dont le plus bas a été touché le 16 mars dernier à 3.630 points, une reprise technique de 25% s’est engagée, ramenant l’indice français vers le niveau de 4.600 points.

Évolution du CAC 40 sur un an glissant
Évolution de l’indice CAC 40 sur un an glissant (Source : Reuters - 16 avril 2020)

Après des achats à « bon compte », les opérateurs de marché sont devenus plus attentistes. Il s’agit de voir comment la crise sanitaire va évoluer, notamment dans la période de déconfinement qui va se mettre en place progressivement dans les plus grands pays européens. En parallèle, il faudra évaluer le coût économique de la crise sanitaire et son impact sur les profits des entreprises. Sur ce dernier plan, la publication des résultats des entreprises au premier trimestre, et leurs prévisions pour l’exercice 2020 pourraient apporter quelques précisions, toutes relatives dans le contexte actuel. Face à ces nombreuses incertitudes, il est donc probable que l’évolution des indices soit heurtée, voire retrace une partie de la hausse récente. À défaut de revenir rapidement dans une tendance haussière et durable des marchés, il conviendra de s’habituer à cette volatilité des actifs à risques qui va perdurer encore pendant de nombreuses semaines. Ces situations permettent également, dans un espace de temps plus court, de générer des opportunités d’achats et de ventes.