Point marchés financiers. 28 mai 2020.
La réouverture progressive des économies dans les principaux pays du monde, depuis la première quinzaine du mois de mai pour la plupart d’entre eux, s’effectue sans que le nombre de personnes touchées par la Covid-19 rebondisse significativement. Ces nouvelles favorables sur le plan sanitaire permettent d’envisager la poursuite du déconfinement, ce qui a été confirmé pour la France ce jeudi 28 mai.
La durée de la fermeture a fortement pénalisé les entreprises, ce qui s’est retrouvé dans les derniers indicateurs d’activité publiés depuis une semaine. Ces derniers remontent, mais restent en territoire de contraction, comme le montrent les indices PMI pour la zone euro, l’indice IFO pour l’Allemagne et les indices sur l’activité française publiée par l’INSEE pour le mois de mai. Il faudra davantage de confiance et de visibilité pour que le niveau d’activité s’approche de celui observé avant la crise, ce qui ne devrait survenir qu’en 2021, pour un retour au point de départ début 2022 seulement.
L’optimisme s’est renforcé grâce à la proposition d’une plus grande solidarité européenne en lien avec la communication du projet de budget 2021-2027 par la Commission européenne le 27 mai. Il contient comme attendu un volet inhabituel permettant de financer des mesures de relances économiques au niveau de l’Union européenne, à hauteur de 750 Mds € (500 Md € de dons, et 250 Md € de prêts). Le débat entre la France et l’Allemagne, qui ont fait une proposition à hauteur de 500 Md € la semaine dernière, et les autres pays du nord de l’Europe reste tendu. Il s’agira de trouver un compromis entre mesures d’aides sans contrepartie, et soutien via l’octroi de prêts « bon marchés », afin que la confiance envers la zone euro reste élevée. C’est pour l’instant le cas, à la lecture de l’orientation de l’euro, qui a progressé au-delà de 1 €= 1,10 $.
Depuis la dernière phase de consolidation intermédiaire, qui avait notamment vu l’indice CAC 40 se replier de 11% entre 4 720 points le 30 avril et 4 195 le 14 mai, le sentiment sur les marchés financiers semble plus positif.
Pourtant, le risque géopolitique a fait son retour sur la scène internationale. À cinq mois des élections présidentielles, Donald Trump, qui aura des difficultés à mettre en avant la robustesse économique de son pays, tente de nouveau de prendre la Chine comme « bouc émissaire ». Entre les conflits commerciaux, l’origine de la pandémie et le risque politique lié à Hong Kong, les prétextes ne manquent pas pour fustiger l’ennemi du moment. L’émergence d’une nouvelle « guerre froide » devient alors possible selon les déclarations de Wang Yi, ministre chinois des affaires étrangères.
Mais les investisseurs souhaitent pour l’instant regarder plutôt des bonnes nouvelles. Parmi celles-ci, on peut noter l’évolution positive de la pandémie dont le nombre de nouveaux malades diminue tous les jours, malgré l’ouverture progressive des économies. C’est particulièrement vrai en Europe, alors que la situation demeure encore complexe aux États-Unis et en Amérique Latine. Par ailleurs, les nouvelles récurrentes de plusieurs laboratoires sur des essais prometteurs de leur produit (qui restent cependant à confirmer !) pour lutter contre la covid-19 redonnent de l’espoir aux investisseurs dans l’hypothèse d’un retour à une vie économique et sociale normale en 2021. En parallèle, banques centrales et gouvernements continuent à déverser des milliards d’euros ou de dollars.
Par conséquent, les indices boursiers se montrent bien orientés depuis deux semaines après une longue période de doute. Cette attitude est particulièrement visible au niveau la récente rotation sectorielle. En effet, malgré des espoirs de reprise rapide de l’activité sur le second semestre, les opérateurs de marché ont préféré « jouer » la prudence, en investissant prioritairement dans les secteurs qui sont les grands gagnants de l’épidémie (pharmacie, technologie américaine) ou dans les secteurs défensifs (biens de consommation courante). En contrepartie, les valeurs cycliques et industrielles ont fortement contre performé. Une tendance qui vient de se retourner récemment (Cf. graphique ci-dessous). Ajustement purement tactique de court terme, ou transition plus durable ?
