Panorama économique
Les chiffres de la croissance au second trimestre sont maintenant officiels et les qualificatifs manquent pour décrire un tel effondrement. Jamais depuis la fin de seconde guerre mondiale les économies n’avaient connu une telle déception. Que l’on en juge : aux États-Unis, le PIB a chuté de 31,7% (chiffre annualisé), en zone euro, le repli atteint 11,8% d’un trimestre sur l’autre, et le Japon affiche un repli de son activité de 7,9% sur la même période. Seule la Chine parvient à se distinguer. Mais ce pays avait dû faire face à la pandémie avant les autres en étant particulièrement affecté les trois premiers mois de l’année (baisse historique de 6,8% du PIB), avant de connaitre un rebond de sa production au second trimestre (+3,2%).
Pouvait-il en être autrement avec des économies qui se sont refermées sur elles-mêmes pendant plusieurs semaines afin de lutter contre la propagation du Covid-19 parmi la population ?
À ce jour, tous les observateurs s’accordent pour évoquer que les chiffres énoncés précédemment sont dans l’épure de ce qui était attendu. Le monde connaitra bien sa plus forte décroissance en période de paix, avec un PIB mondial qui devrait s’affaisser entre 4 et 5% en 2020 (cf. graphique ci-dessous).

Mais, si les conséquences du confinement ont été globalement bien identifiées par les spécialistes, les hypothèses de reprise de l’activité ont été fort nombreuses. Face à un événement d’une telle ampleur, et sans aucun comparable historique, tous les scénarios pouvaient alors être enregistrés. Plusieurs lettres de l’alphabet (L, U, V, W...) ont souvent été utilisées pour expliquer schématiquement les différentes possibilités de rebond économique.
À la sortie de l’été, alors que tous les pays ont essayé de reprendre une « vie normale », il ne fait plus de doute sur la vigueur du redressement économique. Toutes les enquêtes de conjoncture vont dans le même sens, et soulignent une sensible amélioration de la confiance des acteurs économiques
Aux États-Unis par exemple, dans le secteur manufacturier, les deux indices publiés sont bien orientés au mois d’août : l’indice ISM gagne 2 points à 56,0 et le

Il revient de souligner le bon comportement de l’économie chinoise, pourtant à l’origine du départ de la pandémie. Mais la gestion de cette dernière a été efficace. Malgré quelques rechutes géographiques, le virus est sous contrôle, ce qui a permis une réouverture presque totale de la vie économique, y compris au niveau de la mobilité des chinois (sauf pour les déplacements à l’étranger). La croissance a donc rebondi dès le second trimestre, permettant ainsi au pays d’être l’un des rares au niveau mondial à afficher une progression de sa production sur l’ensemble de l’exercice 2020 (+1,8% selon le dernier rapport de l’OCDE). Tout en prenant soin de soutenir son outil de production, la Chine a également profité du rebond de la consommation des pays développés (dont une partie en équipements médicaux). Il est donc envisageable que les perspectives économiques favorables de ce grand pays profitent à tous ses proches voisins, à l’exception notoire de Hong Kong.
Marchés Financiers
À en juger par l’évolution des marchés financiers depuis plusieurs semaines, ceux-ci semblent avoir déjà intégré un scénario de reprise économique en forme de V. En effet, alors que l’ensemble des indicateurs avancés confirmaient le redressement de la production dans tous les principaux pays, les marchés financiers n’ont pas connu finalement de variations significatives pendant l’été, à l’exception du marché américain, tiré vers le haut par son segment technologique.
En Europe, les indices européens demeurent depuis le 8 juin dans un canal horizontal étroit compris entre 3 200 et 3 400 pts pour l’indice eurostoxx50 (4 800 - 5 200 pts pour le CAC 40). Les investisseurs ne semblent pas disposés à prendre un biais directionnel clairement établi, et se contentent d’observer l’évolution de la situation économique et sanitaire.
Outre-Atlantique, la situation est plus complexe. Après un mois de juin sans grande tendance, les valeurs américaines sont de nouveau reparties à la hausse eu juillet et août. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’indice S&P 500 est revenu au-delà de ses plus hauts historiques, alors que l’économie américaine va connaitre l’une des récessions les plus violentes de son histoire ! Tiré par le formidable engouement des investisseurs (certains commencent par évoquer la notion de spéculateurs) pour les grandes valeurs technologiques, le S&P 500 a touché un point haut le 2 septembre à 3 588 avant d’affronter une correction entre 7 à 10%. En parallèle, le dollar a connu une phase de faiblesse. L’approche des élections présidentielles américaines et le souhait du président de la FED de ne pas modifier sa politique monétaire, même dans l’hypothèse d’une modeste remontée de l’inflation, sont les principales explications du recul du billet vert face à l’euro. L’annonce d’un plan de relance européen avec une mutualisation d’une partie des dettes (une grande première pour la zone euro) a probablement convaincu quelques américains de venir également acheter de l’euro. En définitive, comme le montre le graphique ci-dessous, la bonne tenue de Wall Street sur ces trois derniers mois a été en grande partie annulée par le repli du dollar contre la monnaie commune.

Le calme règne sur l’ensemble des marchés de taux, avec des banquiers centraux qui contrôlent complétement l’ensemble des marchés obligataires, et empêchent jusqu’à présent toute velléité de hausse des taux long terme.